Un résultat au suffrage sans surprise pour les uns et auquel on ne s'y attendait pas pour les autres, c'est en tout cas la réalité : Emmanuel Macron affrontera Marine Le Pen le 7 mai prochain pour le second tour de la présidentielle française. Les Marocains résidant dans l'Hexagone mesurent-ils l'enjeu de ce remake du vote de 2002 ? Sont-ils investis ou le ras le bol se fait ressentir au sein de notre diaspora ? Quel sera l'impact de l'issue de ce scrutin sur nos Marocains en France ? C'est le débat entrepris entre les invités du jour dans l'émission hebdomadaire de Radio 2M et Yabiladi.com. La matinale Oui mais non de ce mercredi 26 avril a été placée sous le signe de l'élection présidentielle et donc de l'après premier tour qui a mené Emmanuel Macron, candidat centre-droit du mouvement En marche et Marine Le Pen, candidate extrême droite du Front National (FN), au second tour dimanche dernier. Aux côtés de Fathia El Aouni, Youssef Ksiyer et Mohamed Ezzouak, les deux invités : Salem Fkire, président de Cap Sud MRE et Omar Bendjelloun, avocat au barreau de Rabat et de Marseille, ont dressé un bilan concernant ce premier tour. Salem Fkire contribue à défendre les intérêts des MRE en France et au Maroc. Omar Bendjelloun, lui, a écrit une lettre ouverte aux Français résidant au Maroc et qui ont voté FN. Au lendemain des élections, les invités peignent un tableau empli de doutes et d'incertitudes quant à l'issue de ce vote mais aussi pour l'avenir de la diaspora marocaine de France. Un appel citoyen d'élus et associations franco-marocains et un appel des instances musulmanes de France à voter Emmanuel Macron ont d'ailleurs été lancés pour faire barrage à Marine Le Pen. Un Front national qui séduit même au sein des Français établis au Maroc ou dans le reste des pays d'Afrique. Ce que l'avocat Omar Bendjelloun a pointé comme un comportement schyzophrène puisque les émigrés français en Afrique jouïssent d'un confort que les classes populaires tentées par le vote FN en France n'ont pas. Et d'ajouter que «le discours de la haine porté par le FN n'a pas forcément percé au sein de la conscience collective française vu que le score de la candidate FN a été un score plus ou moins attendu». L'avocat tient cependant à relativiser : «nous devrions être positifs». Pour rappel, ils sont 750 Français résidant au Maroc à avoir voté FN soit 4,1% des suffrages exprimés, un résultat qui choque mais qui reste contenu en dessous de la moyenne nationale. Dans certains pays d'Afrique comme l'Ile Maurice ou Madagascar, le score de Marine Le Pen atteint des niveaux plus inquiétants. «Un premier tour vécu avec beaucoup de passion» Pour revenir à l'Hexagone, le résultat national de ces élections est tout simplement dû à une campagne chaotique et rythmée de suspens et de rebondissements, selon les invités. Notamment pour Benoît Hamon (PS) et François Fillon (LR), qui avaient tous les deux créé la surprise lors des primaires socialistes et des primaires de la droite. La suite pour le candidat de Les Républicains a été sans conteste le fruit d'une descente aux enfers, pour François Fillon qui était LE favori de cette année, le scandale autour des emplois fictifs de sa femme lui a plombé tout espoir d'accéder à l'Elysée. Encore une fois, le Penelopegate a eu raison de lui et de la confiance que lui accordaient les Français en faveur d'un «hold-up politique» mené par Emmanuel Macron. Salem Fkire raconte : «Ce premier tour on l'a vécu avec beaucoup de passion, avec toutes ces affaires Fillon, ça fait pratiquement 6 mois maintenant que ça dure.» Un climat de désarroi et de ras le bol d'une France décimée et fracturée en quatre camp, c'est ce qui inquiète plus particulièrement les invités et donc les Marocains résidant en France. «Tout ça s'est tenu à un mouchoir de poche, on est à 2% à peu près d'écart à chaque fois», précise le président de Cap Sud MRE. L'échec des candidats de gauche aurait pu être évité avec un engagement plus grand des minorités en France. Ont-elles baissé les armes ? Le deuxième tour présage-t-il une poussée du FN et/ou une abstention record ? Une Marine Le Pen plus déterminée que jamais En effet, le risque d'une démobilisation encore plus importante pointe et ferait le jeu de Marine Le Pen le 7 mai prochain. Il suffit de constater les appels de plus en plus nombreux sur les réseaux sociaux pour l'abstention. Las, certains électeurs ne veulent plus cautionner une victoire par dépit d'Emmanuel Macron seulement pour contrer l'extrême droite. Comme l'a souligné Salem Fkire, c'est dans les régions où l'abstention a été la plus forte que Marine Le Pen est arrivée en tête. Le discours lepeniste n'est désormais plus un complexe puisque selon Salem Fkire depuis 2002, il est normalisé et repris par tous les partis politiques, ce qui a également contribué à passer au second tour. Aujourd'hui, avec de tels scores Marine Le Pen est quasiment sûre d'être à l'Elysée en 2022 selon les invités. A moins qu'une surprise vienne doucher les certitudes des fidèles de Macron dès le 7 mai. A l'image des dernières présidentielles aux Etats-Unis, l'excès de confiance d'un candidat peut lui valoir bien des déboires. Le risque est donc bien présent, Marine Le Pen présidente de la république un scénario plausible et en marche. Pour écouter le replay de l'émission cliquer ici :