La réouverture des frontières entre le Maroc et l'Algérie s'approcherait-elle à grands pas ? Les différentes déclarations des dirigeants algériens le laissent croire. Après le président Abdelaziz Bouteflikha et le chef de file du FLN, Abdelaziz Belkhadem, c'est au tour du chef de la diplomatie algérienne de se prononcer pour l'ouverture des frontières entre les deux pays limitrophes. «La fermeture continue des frontières entre deux pays limitrophes comme l'Algérie et le Maroc n'est pas raisonnable, la réouverture des frontières s'impose», lance Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères, dans les colonnes d' El Chorouk El Youmi. Dans son long entretien accordé au quotidien arabophone, le chef de la diplomatie algérienne précise toutefois que les «conditions doivent être réunies» pour la réouverture effective des frontières. Mourad Medelci indique «qu'une concertation entre les responsables des deux pays» est nécessaire pour baliser le chemin. Il rappelle que des rencontres ont lieu depuis maintenant «trois mois» et les discussions portent sur «des secteurs très stratégiques». Ces discussions entre responsables marocains et algériens devraient, a-t-il ajouté, «se poursuivre jusque vers la fin de l'année et aboutiront sur des programmes de coopération pouvant aller pourquoi pas jusqu'à l'ouverture des frontière ?» Longtemps restée indifférente aux appels du Maroc, l'Algérie tend à son tour la main à son voisin. Cette envie brusque de faire valoir la fraternité entre les «deux frères ennemis» s'explique par «des pressions occidentales, notamment américaines», selon Khalid Chegraoui, professeur à l'Institut des études africaines de Rabat. Un autre facteur entre en jeu : «l'option économique, vu ce que les deux pays ont à gagner de la réouverture des frontières pour faire face au chômage, surtout». Et le Sahara ? Toutefois, le problème du Sahara demeure encore un véritable nœud gordien. «Une solution à l'amiable» ne serait pas à écarter, croit savoir Khalid Chegraoui. La base de cette solution à l'amiable ? Mystère… En tout cas, «le problème n'a que trop duré et il faut une solution», conclut le chercheur. Le Maroc n'a cessé, depuis des années, d'appeler à la réouverture des frontières avec son voisin algérien. L'Algérie préférait, elle, répondre que les conditions n'étaient pas réunies, notamment sur le plan sécuritaire. La crainte de voir s'intensifier le trafic de drogue dans la région avec l'ouverture des frontières faisait également partie des arguments d'Alger. Aujourd'hui, les deux pays semblent s'acheminer vers un rapprochement. Le fameux printemps arabe est peut-être lui aussi de la partie.