Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a affirmé, mardi 8 mars, que la réouverture de la frontière algéro-marocaine n'est pas à l'ordre du jour. Le régime algérien est intransigeant. Les locataires du palais Al Mouradia continuent à faire la sourde oreille aux appels à l'ouverture de la frontière algéro-marocaine. Les dirigeants algériens campent sur la position de l'immobilisme, hypothéquant, ainsi, l'avenir de l'édification maghrébine par opposition aux aspirations de la région. En effet, Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères, a affirmé, mardi 8 mars, que la réouverture de la frontière algéro-marocaine «n'est pas à l'ordre du jour». Dans une déclaration à la presse, le chef de la diplomatie algérienne a déclaré que «nous n'avons mandaté personne pour discuter de cela». A noter que la frontière entre les deux voisins maghrébins est fermée depuis 1994. Selon les dirigeants algériens, Alger met comme condition à la réouverture de la frontière la résolution globale des contentieux en suspens, y compris le conflit du Sahara marocain. En fait, suite à la vague de contestations sociales qui secoue le monde arabe et qui n'a pas épargné l'Algérie, les observateurs s'attendaient à une décision du régime algérien de rouvrir les frontières pour apaiser la tension, étant donné que la réouverture des frontières est en mesure de relancer les activités économiques des populations des villes frontalières. Mais il n'en fut rien. Les voisins de l'Est ont opté, malgré tout, pour le maintien de la situation de blocage, en mettant le bâton dans les roues à toute initiative de réconciliation et de rapprochement entre le Maroc et l'Algérie. D'ailleurs, M. Medelci a souligné, paradoxalement, dans sa déclaration à la presse, que l'Algérie œuvrait «à développer les relations bilatérales avec le Maroc». Pour ce qui est de la question du Sahara marocain, le chef de la diplomatie algérienne a noté que son pays «adopte la même position que celle des Nations Unies» par rapport à cette question. «Cela veut dire que nous avons notre vision et le Maroc a la sienne», a-t-il ajouté. Ceci dit, la question qui se pose actuellement est celle de savoir pourquoi le régime algérien refuse toujours de réouvrir les frontières avec son voisin de l'Ouest et de favoriser un espace maghrébin de coopération et de paix? De l'avis d'un analyste des relations internationales, l'Algérie estime que l'ouverture des frontières profiterait uniquement au Royaume au détriment des intérêts de l'Algérie et son aspiration à l'hégémonie dans la région du Maghreb. «Les gouvernants algériens cherchent à utiliser cette carte comme une carte de pression sur le Maroc, car dans leur perception des choses, l'ouverture des frontières entre les deux pays profiterait au Maroc. C'est un raisonnement absurde parce que cette situation de fermeture des frontières est une réalité presque unique dans le monde d'aujourd'hui. A un seul cas près, aucune frontière entre deux pays n'est fermée», indique Mohamed Benhamou, président du Centre marocain des études stratégiques (CMES), dans une déclaration à ALM. «Voir les frontières comme un mur de séparation et comme un espace de conflit est une approche dépassée. Cette vision relève d'une ère stratégique révolue. Aujourd'hui, les frontières sont des zones de rencontre et des points de départ pour la construction d'intérêts communs entre les pays alors que les frontières fermées ne font le bonheur de personne. D'ailleurs, on voit la situation humanitaire difficile que vivent les citoyens des deux côtés des frontières», ajoute-t-il. Ainsi, ni la main tendue du Maroc ni même les appels pressants des Etats-Unis d'Amérique et de l'Union européenne n'ont réussi à plier l'Algérie. A rappeler que la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait indiqué, en 2009, que les Etats-Unis souhaitent l'ouverture des frontières intermaghrébines, à la faveur d'une meilleure entente régionale et d'une coopération économique pour le bien des peuples de la région. En marge de sa participation à la 6ème édition du Forum pour l'avenir, qui avait eu lieu les 2 et 3 novembre 2009 à Marrakech, Mme Clinton avait indiqué qu'«au Maghreb, nous souhaitons une meilleure entente régionale, une coopération économique intermaghrébine et l'ouverture des frontières pour le bien des peuples de la région». «L'Union européenne peut aider l'Union du Maghreb à réaliser certains projets, elle peut se prononcer pour l'ouverture des frontières, elle peut proposer une méthode d'intégration, elle peut préparer l'avenir par des projets régionaux, mais elle ne peut pas se substituer aux acteurs. C'est au Maroc et à l'Algérie de trouver les voies d'une réconciliation, comme jadis la réconciliation franco-allemande a permis l'intégration européenne, qui libérera les énergies. Le plus tôt sera le mieux pour votre pays, pour la région et pour notre partenariat», avait déclaré, pour sa part, Bruno Dethomas, l'ancien chef de la délégation européenne à Rabat. Ces appels des puissances occidentales sont restés lettre morte. Etant donné que l'Algérie n'aborde pas la question de la réouverture des frontières sous l'angle de la relance du développement régional, mais de celui des calculs politiciens géostratégiques étriqués.