Après l'échec de sa diplomatie en Afrique sur le dossier du Sahara, le président algérien Abdelaziz Bouteflika part en campagne dans les émirats du Golfe. Sur le dossier du Sahara, le président Bouteflika ne sait plus à quel saint se vouer. Après la cuisante défaite de sa diplomatie sur le front africain, où la voix d'Alger est aujourd'hui carrément inaudible, le président Bouteflika veut maintenant se tourner vers les émirats du Golfe. Mais le fiasco risque d'être encore plus dur à supporter dans la « citadelle » imprenable du Golfe, où le soutien à la position du Maroc sur le Sahara est implacable. Le chef d'Etat algérien n'en a cure, paraît-il. Il se prépare à effectuer, en fin de semaine, une visite officielle au Qatar. Mais avant de prendre son bâton de pèlerin, il a accordé une interview fleuve à un journal qatari, « Al Arab », où, selon un quotidien algérois, «il a fait des précisions concernant l'état des relations inter-maghrébines, et particulièrement algéro-marocaines, pour lever le voile sur certaines confusions entretenues dans nombre de pays du Golfe, proches de Rabat, concernant la véritable nature du Sahara occidental, un dossier dont le règlement est entravé par les positions intransigeantes du Maroc». Soucieux de la méthode dans le discours, il a fallu au président Bouteflika reconnaître, publiquement, l'échec du projet de l'Union du Maghreb Arabe. Il estime que cette (UMA), «sur laquelle les peuples de la région fondent de grands espoirs, n'a pu réaliser les objectifs escomptés, notamment en ce qui concerne l'intégration et le partenariat économique». Maintenant, et après cette introduction, il va bien falloir trouver une explication à ce constat. Et c'est le Maroc, encore et toujours. Le président Bouteflika affirme que «l'Algérie n'a pas cessé d'afficher sa disposition, loyale et sincère, à développer les relations de coopération (avec le Maroc) tout en laissant le traitement de la question de l'autodétermination du Sahara occidental à l'Organisation des Nations unies (ONU), chargée de trouver une solution juste et équitable». A en croire le président Bouteflika, l'édification maghrébine pourrait se réaliser en dehors de la question du Sahara. Or, ne retrouvons-nous pas, ici, une revendication bel et bien marocaine ? Rabat a toujours appelé à traiter la question maghrébine indépendamment du dossier du Sahara qui est entre les mains des Nations unies. L'appel du Royaume pour la réouverture de la frontière avec l'Algérie est resté sans lendemain, en raison notamment de l'opposition d'Alger qui ressort le «préalable» du dossier du Sahara. Et ce ne sont pas les déclarations des responsables algériens qui manquent pour démontrer ce fait. Il y a quelques jours, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait reconnu sur les ondes d'une radio algéroise (Chaîne 3) que l'édification de l'UMA est «grippée» par la question du Sahara, qui constitue «une véritable gêne» à l'édification maghrébine. «La réouverture des frontières algéro-marocaines n'est pas envisageable mais elle doit intervenir dans le cadre des évolutions souhaitées par les deux parties qui, le moment venu, révéleront que telle ou telle difficulté a pu être dépassée et nous met dans une meilleure position d'ouverture en général et d'ouverture des frontières en particulier», avait estimé le chef de la diplomatie algérienne. Curieusement, la déclaration du président Bouteflika, rapportée par le journal qatari, au sujet de l'UMA, contredit, de manière criante, celle de son ministre des AE, ce qui laisse la porte ouverte à toutes les contradictions. «On ne sait pas ce que veulent réellement les Algériens», s'interrogeait, il y a quelques semaines, le ministre Taïeb Fassi Fihri, lors d'une réunion à Rabat.