La page de la Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma à la tête de la Commission africaine semble définitivement tournée, son successeur ayant adopté une nouvelle ligne politique sur la question du Sahara. En témoigne sa réunion d'hier soir à New York avec le secrétaire général de l'ONU. Détails. Le siège de l'ONU a accueilli, mercredi soir, une réunion entre le secrétaire général, Antonio Guterres et le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat. «La question du Sahara occidental n'a pas été soulevée par le Tchadien Moussa Faki», nous confie une source. Les deux parties ont essentiellement évoqué les moyens à même de parvenir à la conclusion d'un partenariat. Les discussions se sont focalisées sur la vision de 2030 de l'UA, la menace terroriste, le développement du continent et les conflits armées ainsi que les opérations de maintien de paix. Ce dernier sujet revêt par ailleurs un intérêt particulier pour les Nations unies. L'organisation internationale souhaite, en vue d'une réduction des coûts financiers de ses interventions, que l'Union africaine remplisse des missions sur le continent. Par exemple, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, soutenue par le Tchad, avait déployé en 2013 plus de 6.500 soldats au Mali. En août 2016, le gouvernement du Soudan du sud avait donné son accord à l'envoie d'une force régionale pour appuyer les 12.000 casques bleus déjà présents au sein du pays déchiré par une grave guerre civile. Revers pour le Polisario A la veille de la réunion de New York entre Moussa Faki Mahamat et Antonio Guterres, le Polisario avait dépêché son «ministre délégué aux Affaires africaines», Hamdi Khalil pour rencontrer le président de la Commission africaine à Addis-Abeba. Les médias du Front ont salué l'issue des entretiens entre les deux parties, attribuant même des propos au Tchadien, plaidant le «droit à l'autodétermination du peuple sahraoui». Vingt-quatre heures plus tard, douche froide, puisque Faki Mahamat a complétement éludé la question du Sahara dans son entretien avec le secrétaire général de l'ONU. Le Tchadien montre ainsi qu'il s'inscrit en totale rupture avec la ligne prônée par Nkosazana Dlimani-Zuma durant son mandat à la tête de la Commission de l'Union africaine. La Sud-africaine avait placé le différend territorial au Sahara au centre de ses préoccupations, n'hésitant pas à adresser de nombreuses lettres à ce sujet à l'ancien secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Des correspondances où elle évoquait des «violations des droits de l'homme», commises par le Maroc dans la province ou même pour demander l'accélération du «retour à la peine fonctionnalité de la Minurso» suite à l'expulsion par le Maroc, en mars 2016, de 83 agents de la composante civile et politique de la mission onusienne. Article modifié le 20/04/2017 à 17h54