La communauté marocaine d'Anvers et de Bruxelles, serait plus discriminée que celle des Turcs qui habitent ces deux villes. C'est qu'a conclu une étude réalisée par trois chercheurs de l'Université catholique de Louvain (KUL), et qui a été rendue publique lundi 7 mars. La communauté marocaine qui réside dans les deux villes de Bruxelles et d'Anvers, ressent plus de discrimination que la communauté turque. Ce constat a été avancé par les trois chercheurs de la Katholieke Universiteit Leuven (KUL), Véronique Vandezande, Karen Phalet et Marc Swyngedouw qui ont réalisé l'étude «Les sentiments de discrimination expliquent-ils les émeutes bruxelloises ? Une comparaison des populations d'origine marocaine et turque à Bruxelles et Anvers». L'étude, publiée le 7 mars dans le numéro 47 de «La revue scientifique électronique pour les recherches sur Bruxelles», a trouvé un écho immédiat dans la presse belge. Contexte favorable à la discrimination ? Afin de réaliser cette étude, les chercheurs ont procédé à une enquête de terrain durant laquelle ils ont pu interroger quelques centaines de personnes, âgés de 18 à 35 ans, natifs de la Belgique et dont au moins l'un des parents est né au Maroc ou en Turquie. L'étude commence d'abord par rappeler que presque la moitié des habitants de la capitale belge serait d'origines étrangères (46 % selon une étude de Willaert et Deboosere, 2005). Et parmi ces derniers, «les deux groupes de non-Européens les plus nombreux sont les groupes marocain et turc, qui constituent respectivement 13 et 4 % de la population bruxelloise», avancent les chercheurs. Ils ont récolté des témoignages. «C'est un handicap d'avoir des origines marocaines. Je ne trouve pas de travail de vacances, par exemple (…) Cette discrimination me met en colère. Ils ne veulent tout simplement pas que nous évoluions». En se basant sur des données relatives aux secteurs d'emploi, statut, rémunération, niveau d'études et durée du chômage, il s'avère en effet que les Marocains ainsi que les Turcs occupent généralement «les couches inférieures du marché du travail de Bruxelles». Les conditions de travail des Marocains et des Turcs en Belgique sont donc largement moins bonnes que la moyenne. Les Marocains plus disciminés que les Trucs Entre ces deux communautés, la situation n'est cependant pas la même. Visiblement, les discriminations sont plus répandues à l'encontre de la communauté marocaine qu'envers les Turcs. Selon cette étude, les «Marocains de la deuxième génération» sont ceux qui ressentent le plus ces discriminations, et ce dans tous les domaines. Autre résultat : qu'ils soient d'origine turque ou marocaine, ces fils d'immigrés seraient davantage discriminés à Anvers qu'à Bruxelles. L'étude conclut qu'il est nécessaire de mettre en place «une politique plus positive à l'égard des minorités ethniques». Ce qui permettrait justement de résoudre ce sentiment de discrimination qui ne concerne pas que les «jeunes à problèmes».