Après la bousculade qui a coûté la vie à deux Marocaines lundi à la mi-journée à la frontière entre le Maroc et Ceuta, les réactions fusent en Espagne et au Maroc. Mais la question du devenir du passage reste sans réponses. Le Parti union démocrate ceuti (UDCE), premier groupe de l'opposition à l'Assemblée de l'enclave, a dénoncé aujourd'hui dans un communiqué parvenu à EFE, le « manque de volonté et la négligence » des gouvernements espagnol et marocain de permettre l'ouverture du passage Biutz, où a lieu le drame. Selon ce groupe politique, les deux administrations « ont nié la réalité et ont permis avec leur attitude négligente cette double tragédie humaine ». Il appelle donc à l'ouverture « urgente avec le Maroc d'un dialogue pour parvenir à un accord de gestion commune et de règlementation de la circulation ». Le chef de la coalition Gauche unie (IU) et UDCE à Ceuta, Mohamed Ali, cité par Europa Press, a désigné l'exécutif des deux Royaumes comme « responsable direct » de la mort des deux femmes. L'élu accuse les gouvernements de maintenir ouvert le passage Biutz malgré les conditions déplorables dans lesquelles il se trouve. Toujours dans l'opposition, le président du Parti populaire (PP) et chef de l'opposition, Mariano Rajoy, a demandé à l'Espagne et au Maroc lors d'un meeting suivi à Melilla par « OTR/Presse News Agency », d'« assumer leurs responsabilités » et de prendre des mesures pour que des événements semblables ne se reproduisent plus. La Secrétaire de la Politique internationale et de la Coopération du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Elena Valenciano, a indiqué au nom de sa formation, sa tristesse suite au décès des deux Marocaines. Dans une déclaration, elle affirme que « les événements tragiques comme celui d'aujourd'hui (NDLR, lundi 25 mai) nous rappellent que nous devons continuer à faire tout notre possible pour aller de l'avant dans la coopération avec les autorités marocaines en matière des questions transfrontalières ». La dirigeante socialiste a réitéré la volonté du PSOE à travailler pour que l'incident malheureux du jour et celui ayant causé la mort d'une autre Marocaine en novembre dernier à Melilla ne puisse pas se reproduire à l'avenir. À Ceuta même, où les commerçants Marocains se ravitaillent, les autorités compétentes se prononcent pour le maintien du point de passage. Le délégué du gouvernement à Ceuta, José Fernández Chacón, a déclaré à EFE que le poste de Biutz ne sera pas fermé au passage de marchandises. Les décès étaient « inévitables », la police et les forces de sécurité en poste dans la zone « ont été incapables de faire quoi que ce soit parce qu'ils étaient trop submergées par la masse humaine » a-t-il ajouté. Seuls le Syndicat unifié de la police (SUP) et l'Association des entrepreneurs industriels de la zone frontalière (EATP) exigent depuis des années la fermeture pure et simple de ce passage. D'après des informations rapportées par le portail « www.hespress.com », c'est l'Association pour la défense des droits de l'homme à Tétouan qui a condamné les mesures prises par les autorités espagnoles dans le renforcement de la mainmise sur les Marocains qui font la contrebande. L'Association sous entend ainsi que le durcissement des mesures de sécurité serait à la base des mouvements ayant entraînés les pertes en vie humaine. Elle a demandé par ailleurs l'ouverture d'une enquête pour déterminer les responsabilités.