Après avoir annoncé son objection à l'extension du port de Tarifa, le ministère espagnol de l'Environnement exprime, à présent, sa volonté d'étudier la faisabilité du projet. Les autorités sont partagées entre pessimisme et optimisme pour ce projet qui pourrait être très bénéfique à l'Espagne. Tanger-Med, principal visé par ce projet, devrait-il être sur ses gardes ? Le ministère espagnol de l'Environnement a nuancé, hier, mercredi 23 février, son rejet du projet d'extension du port de Tarifa proposé par l'administration portuaire de la baie d'Algésiras, rapporte Diario Córdoba. Le projet prévoit la création de 2 000 emplois directs et indirects. A la veille des élections municipales, le coup de frein du ministère avait été reçu comme une douche froide par les autorités portuaires. Rosa Aguilar, ministre de l'Environnement, a reconnu que le projet «n'est pas viable du point de vue environnemental», d'où le rapport négatif qu'elle a rendu. Elle se dit cependant «prête à travailler dès maintenant» à la recherche d'une alternative. Le Conseil de gouvernement d'Andalousie a également fait part de sa volonté de procéder à la construction de nouvelles infrastructures «absolument nécessaires». C'est la raison pour laquelle le président de région autonome andalouse, José Antonio Griñán, et les conseillères à la Présidence et aux Travaux publics, Mar Moreno et Josefina Cruz, ont assuré qu'ils travailleraient avec l'administration portuaire de la baie d'Algésiras pour chercher d'autres solutions. Les autorités partagées entre pessimisme et optimisme Le 22 février dernier, après avoir eu connaissance de l'opposition du ministère de l'Environnement, le président de l'Autorité Portuaire de la baie d'Algésiras, s'est montré pessimiste. Selon Manuel Morón, il n'y aurait pas d'autres possibilités. En effet, trois tentatives ont été faites depuis 2004. La dernière est le résultat de 26 études réalisées par des institutions et des universités. José Antonio Griñán insiste : «nous parlerons au ministère de l'Environnement, parce que nous continuons de penser que c'est un projet très important pour Tarifa». Mar Moreno et Josefina Cruz ont affirmé que le Conseil allait étudier des solutions. Le projet de Tarifa comprend l'agrandissement du port pour augmenter la capacité de trafics et d'accostages pour faire face à la concurrence du port marocain de Tanger-Med. Tanger-Med a-t-il du souci à se faire ? Le Maroc, grâce à Tanger-Med, concurrence en effet fortement l'Espagne. Le port marocain a récemment pris le dessus sur le port espagnol d'Algésiras pour le trafic de conteneurs. Avec sa position stratégique et l'installation prochaine des usines de Renault, Tanger-Med se développe à grande vitesse. Il prévoit d'atteindre une capacité de 5,2 millions de conteneurs par an en 2014. En novembre dernier, la situation du port d'Algésiras était qualifiée de «critique», car il frôlait la crise. Son trafic de conteneurs a connu une chute de 20%, entre 2009 et 2010. Si les autorités portuaires espagnoles trouvent une alternative au projet de Tarifa, le Maroc devra certainement revoir ses objectifs mais les hésitations des autorités espagnoles jouent aujourd'hui en faveur de Tanger-Med.