110 associations ont signé un texte dénonçant les dérives de l'état d'urgence. Aujourd'hui lors d'une conférence de presse, plusieurs responsables associatifs se sont exprimés pour une levée de l'état d'urgence qu'ils jugent privatif de certaines libertés au nom de la lutte contre le terrorisme. Un mois après son instauration suite aux attentats de Paris de novembre dernier, plus d'une centaine d'associations, dont le Collectif Contre l'Islamophobie en France (CCIF) et la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), ont réclamé lors d'une conférence de presse tenue ce jeudi en fin de matinée, la levée de l'état d'urgence, rapporte l'agence Reuters. La conférence retransmise en direct sur les réseaux sociaux a été l'occasion pour ces associations de dénoncer les dérives de l'état d'urgence instauré par le gouvernement sans apporter de réponse réelle à la menace terroriste. Un texte signé par 110 organisations de domaines divers dénonçant ces dérives a été présenté. Plusieurs représentants d'associations se sont exprimés pour critiquer la portée et la logique des perquisitions administratives sous le contrôle d'un préfet mais aussi les assignations à résidence. En somme, ces associations reprochent à l'état d'urgence de ratisser large dans les libertés des Français en se passant de certaines procédures qui auraient pu se faire dans le cadre judiciaire. Parmi les dérives dénoncés pendant l'application de l'état d'urgence, un «détournement» du dispositif pour viser des personnes sans aucun lien avec le terrorisme notamment des syndicalistes ou des écologistes. A ce titre, le Conseil constitutionnel a été saisi pour mieux recadrer le régime d'assignation à résidence prévu par l'état d'urgence notamment après que 7 militants écologistes ont été assignés à résidence pendant la COP 21. Mais le Conseil des Sages a reporté sa décision jusqu'au 22 décembre. Certaines procédures auraient pu être faites dans un cadre légal S'exprimant lors de cette conférence, Françoise Dumont, la présidente de la LDH a décrété que «l'état d'urgence doit cesser alors qu'on nous parle de reconduction et même de l'inscrire dans la Constitution. Pour nous, ce sont les libertés qui garantissent la sécurité et non l'inverse». Céline Verzeletti, représentant la CGT a abondé dans le même sens. Elle note que des rassemblements sans lien avec le terrorisme ont été interdits et que les participants à ces rassemblements, condamnés. «Dans les entreprises, nous avons noté un climat de suspicion et de délation», concède-t-elle. Lui emboîtant le pas, la présidente du conseil de la magistrature, Laurence Blisson s'insurge contre «les illusions de l'état d'urgence» estimant que les perquisitions de nuit et le placement sous contrôle judiciaire de suspects «étaient parfaitement possibles dans le cadre judiciaire». «Ce qui est dangereux, c'est de confier des pouvoirs exorbitants au ministre de l'Intérieur et aux préfets dans un cadre flou, qui se base sur la suspicion», dénonce la magistrate. Les 2700 perquisitions administratives et les 360 assignations à résidence plaident en faveur de ses arguments. Le CFCM avait dénoncé aux lendemains des attentats, des perquisitions parfois «musclées». Le collectif contre l'islamophobie, le CCIF qui a accompagné plusieurs victimes, dont une, venue témoigner, a demandé une audition des associations de défense des Droits de l'Homme par le Parlement français pour dénoncer des exactions commises contre des personnes arrêtées. Certaines de ces personnes ont dénoncé des violences subies au cours ou après leur interpellation par les policiers. Rappelons ici que la commission des Lois de l'Assemblée nationale a finalement décidé d'exercer un contrôle de l'état d'urgence. L'Assemblée nationale estime dans une note de synthèse publiée hier que «des interrogations manifestes» existent sur la justification de certaines mesures individuelles ou générales comme par exemple les interdictions de manifester. Le @ccif va demander a ce que les organisations de défense des Droits de l'Homme soient auditionnées par le Parlement #CPEtatdUrgence — CCIF (@ccif) 17 Décembre 2015 "Les lois existantes permettent déjà bcp de choses. Ce que l'on fait aujourd'hui c'est juste raboter les libertés et droits" #CPEtatdurgence — Sihame Assbague (@s_assbague) 17 Décembre 2015 "L'état d'urgence absorbe les libertés. Quelle justice anti-terroriste veut-on ? C'est la question qu'il faut se poser" (SM) #CPEtatdurgence — Sihame Assbague (@s_assbague) 17 Décembre 2015 L.Blisson: avec la réforme, on parle d'extension discrétionnaires dangereuses des privations de liberté #CPEtatdUrgence #stateofEmergency — CCIF (@ccif) 17 Décembre 2015 Victime2 dans ma cellule, des personnes ont été blessées par la police dont une aux genoux #CPEtatdUrgence #stateofEmergency — CCIF (@ccif) 17 Décembre 2015 Victime2 dans des commissariats, certains ont été humiliés, provoqués, insultés et menacés #CPEtatdUrgence #stateofEmergency — CCIF (@ccif) 17 Décembre 2015 "D'autres femmes ont eu le droit à des remarques sexistes ou à des menaces type 'on va vous gazer dans vos cellules'" #CPEtatdurgence — Sihame Assbague (@s_assbague) 17 Décembre 2015