Nommé début juillet à la tête du Conseil Français du Culte Musulman, le Franco-marocain Anouar Kbibech a livré jeudi sa feuille de route pour donner un nouvel élan à cet organisme. Formation des imams, lutte contre l'extrémisme, indépendance financière du CFCM ou encore un futur conseil théologique pluraliste…Kbibech a déjà son idée. Il ne s'est pas voilé la face jeudi. Le nouveau président du CFCM, le Franco-marocain Anouar Kbibech a reconnu que «le CFCM est au bord de la faillite». Devant les représentants musulmans à Paris, Kbibech a annoncé la prochaine feuille de route de l'instance qui sera publiée en septembre prochain. Mais d'ores et déjà, il veut se démarquer d'une gestion trop centrée. L'objectif est de mettre en place une «présidence collégiale» aux cotés notamment de Chems-eddine Hafiz (Grande Mosquée de Paris), Taoufiq Sebti (Rassemblement des Musulmans de France) et Ahmet Ogras (Comité de Coordination des Musulmans Turcs de France). Cela permettra notamment de toucher toutes les tendances de l'Islam en France. Lutte contre la radicalisation Mais parmi les questions urgentes auxquelles il faudra rapidement s'attaquer, la lutte contre la radicalisation. Cela passera notamment par la création d'un conseil théologique pluraliste qui pourrait ainsi délivrer une habilitation aux imams pour exercer dans les mosquées. «Le cercle des intellectuels est destiné à nous donner une vision sur le long terme et à nous aider à renouveler les instances», explique le nouveau président du CFCM cité par Libération. Deux noms sont même sortis pour figurer au sein de ce conseil : l'islamologue Rachid Benzine et le philosophe Abdennour Bidar. En outre, il est question de mettre en place un collège des femmes pour mieux les représenter au sein des instances religieuses ainsi que de renforcer le dialogue entre les jeunes et nouveaux convertis. Indépendance du CFCM Autre question abordée durant ce point de presse, l'indépendance financière du CFCM qui ne dépend que de quelques contributions des mosquées. Kbibech veut une instance indépendante capable de se gérer. Ainsi le président a émis l'idée d'une taxe sur le halal en concertation avec la filière et aussi une autre sur le pèlerinage à la Mecque en France. «Il s'agit que le CFCM garde son indépendance», a-t-il expliqué, soulignant qu'«il est hors de question de continuer à vivre sur cette disette». Cette feuille de route attendue en septembre sera appliquée pour les deux prochaines années. L'instance se veut méthodique et veut «avancer concrètement» sur «trois ou quatre actions majeures» durant chaque semestre.