Depuis que la Belgique est sous alerte terroriste, les imams sont surveillés de près et les autorités avaient promis de sévir contre les prêcheurs radicaux. Shayh Alami, un imam d'origine marocaine vient d'en faire les frais. Il a reçu un ordre d'expulsion et devra quitter la Belgique dans 30 jours. Une première. La Belgique vient d'émettre son premier ordre d'expulsion d'un imam : Shayh Alami. Détenteur de la double nationalité néerlando-marocaine, il est sommé de quitter le territoire belge dans les 30 jours. Il est accusé d'avoir tenu «des propos incitant à la haine», rapporte Rtbf. La décision émane de Théo Francken, le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration connu pour ses déclarations racistes visant les Marocains. Mais cette fois, il se défend d'avoir «seulement appliqué la loi». «C'est un étranger, il n'a pas la nationalité belge. Il a le titre de séjour sur le territoire belge, mais on peut le lui retirer. C'est dans la loi de 1980, la loi sur les étrangers», a-t-il soutenu face à la presse. «Des prêches enflammés en rupture avec la démocratie» Arrivé en Belgique en 2006 avec une carte de travail, Shayh Alami est marié et père de quatre enfants. C'est son discours proche des thèses radicales qui ont attiré, sur lui, l'attention des autorités. «Il s'est caractérisé pendant plusieurs années par des prêches assez enflammés sur toutes sortes de sujets mais notamment des prêches où il s'est montré clairement en rupture avec les valeurs de la démocratie», explique Michaël Privot, islamologue et directeur de l'European Network Against Racism (ENAR). D'après lui, quelques-uns des jeunes ayant rejoint les troupes de Daesh «ont assisté pendant un moment à ses prêches». «Donc là, on voit qu'il y avait une offre de discours intéressante pour ceux qui recherchent ce type d'islam, et en plus diffusée sur internet», ajoute-il. D'ailleurs l'imam Alami avait davantage éveillé le mécontentement des autorités en mars dernier lorsque dans un reportage diffusé sur RTL-TVI, il apparaissait dans une vidéo implorant Dieu de «couper la langue et les pieds» de l'intellectuel marocain Ahmed Assid qu'il qualifiait d' «apostat», rapporte Le Vif. Les musulmans approuvent De leur côté, les musulmans de Belgique ne semblent pas avoir l'intention de faire quoi que ce soit pour empêcher l'expulsion de cet imam. Au contraire, ceux qui ont travaillé avec lui approuvent. «C'est une très bonne chose qu'il soit expulsé», avance Nasan Aman Yousef, président de l'asbl mosquée somalienne où Shayh Alami était imam jusqu'en 2014, date à laquelle la communauté somalienne a décidé de prendre ses distances. Même son de cloche à l'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB). «Cet imam autoproclamé, sans formation, récolte la tempête du vent qu'il a semé», tranche le président, Nouredinne Smaïli. «Les imams de Belgique, dans les mosquées reconnues, ne sont pas radicaux. Il sont sous contrôle», poursuit-il ajoutant qu'il faut «faire confiance à la loi. La justice tranchera». Pour l'instant, l'imam Alami a la possibilité de faire appel, mais celui-ci n'est pas suspensif, selon les précisions de la presse. Selon Le Vif, l'homme sera remis aux Pays-Bas alors que sa famille est autorisée à rester en Belgique.