Hicham Boutalant, un Marocain rescapé de la patera qui avait été coulée par la Guardia Civil en décembre 2012, revient sur cet incident ayant coûté la vie à 8 personnes. Dans un entretien avec El Mundo, celui qui a été expulsé des Canaries avant d'y revenir accuse les gardes civils d'être responsables du drame ayant touché des jeunes de Sidi Ifni. Le 13 décembre 2012, un Marocain avait trouvé la mort et sept autres étaient portés disparus suite à l'accident d'une patera près de l'île de Lanzarote (Canaries). L'incident avait été causé par la Guardia Civil qui a percuté l'embarcation de fortune transportant 25 marocains tous originaires de la ville de Sidi Ifni (Souss-Massa-Draâ) candidats à l'immigration irrégulières en Espagne. Quelques jours après le drame, des vidéos obtenues grâce au SIVE (Système intégral de vigilance extérieure) montraient la patera coulée par la patrouille espagnole. Indignées par l'acte qu'elles jugeaient criminel, plusieurs ONG dont SOS Racisme ainsi que la société civile avaient exigé une enquête pour punir les responsables. Mais l'Espagne avait nié l'implication de ses agents, arrêté puis expulsé les rescapés tout en poursuivant trois d'entre eux pour avoir organisé la tentative d'immigration irrégulière. Témoin dans cette affaire, Hicham Boutalant, avait pour sa part reçu un ordre d'expulsion et une d'interdiction d'entrée en Espagne qui a expiré en janvier 2015. Il a aussi reçu une citation à comparaître pour le 16 juillet prochain au tribunal n°6 d'Arrecife. Le 20 juin à 23H00, il a repris symboliquement une patera pour rejoindre Lanzarote avec cinq autres personnes. Arrêté sans heurts par la Guardia civil, il a été conduit au Centre d'Internement des Etrangers (CIE) d'Arrecife comme lors de sa première tentative avortée en 2012. "Ceux qui sont en prison sont innocents" Dans un entretien à El Mundo, Hicham est revenu sur l'accident. Selon lui, c'est bel et bien les gardes civils qui ont percuté l'embarcation transportant les marocains. «C'est absurde» de dire que la patera a heurté le bateau des gardes espagnols, lance-t-il. Ce témoin dédouane également les trois Marocains emprisonnés dans cette affaire: «ils étaient comme moi. Ils avaient payé pour aller chercher une vie meilleure». «Ceux qui sont en prison son innocents», clame-t-il. A l'en croire, l'objectif de son témoignage est d'honorer la mémoire des 8 victimes. «Ils (la Guardia Civil) ne peuvent plus continuer à mentir. Nous n'avons pas percuté la patrouille. Si je dis cela, qu'ils me ramènent quand ils voudront au Maroc». Hicham explique par ailleurs qu'il s'agissait de sa «quatrième» tentative d'immigration irrégulière vers l'Espagne à l'époque. «Vous ne savez jamais si vous aller arriver ou mourir en mer. Ça craint, mais la vie au Maroc est dure. J'ai un frère en France et un autre dans les îles Canaries. J'ai chargé des camions de légumes, de poissons... peu importe. Mais j'ai besoin d'un avenir et c'est impossible dans mon pays». Les avocats et SOS Racisme ont demandé la suspension de son ordre d'expulsion conte tenu de sa citation à comparaître.