Le dossier de la patera coulée près de l'île Lanzarote en décembre 2012 est loin d'être clos. Pourtant, la justice espagnole avait dégagé de toute responsabilité la Guardia civil. Quant au syndicat ODT-travailleurs immigrés, il avait exigé une réaction plus ferme du Maroc, mais aujourd'hui, c'est SOS Racisme Espagne qui se lève pour réclamer la constitution d'une commission d'enquête afin de clarifier les raisons de ce tragique incident. L'affaire de la patera coulée le 13 décembre 2012 avec 25 Marocains à bord ne devrait sans doute pas être rangée immédiatement dans la catégorie des dossiers classés. Elle refait surface après quelques mois d'accalmie. Ce jeudi, la fédération canarienne de l'association espagnole SOS Racisme a réclamé au gouvernement espagnol la création d'une commission d'enquête pour clarifier les raisons de cet incident qui s'est produit au large de Lanzarote, île de l'archipel des Canaries. «Il faut d'identifier les responsabilités dans cette affaire», indique l'organisation selon qui tout a commencé avec «les actions irresponsables du bateau patrouilleur qui n'était pas en conditions appropriées pour secourir la patera». SOS Racisme souhaite même que les survivants reviennent en Espagne, parce qu'il considère qu'ils ont été expulsés injustement pour «ne pas entendre leurs témoignages» sur les circonstances qui ont émaillé l'incident. Pour rappel, ce dernier avait provoqué la mort d'une personne et la disparition de sept autres. La tragédie a, en conséquence, été incluse dans le rapport annuel de l'association qui dénonce entre autres l'augmentation du racisme et les abus d'autorité de la police espagnole. Versions très contradictoires et aucune enquête marocaine En tout cas, les suites de l'accident n'ont pas été un long fleuve tranquille au Maroc comme en Espagne. Les versions espagnoles étaient elles mêmes très opposées les unes des autres. Pour preuve, en mars 2013, la juge d'instruction, Ángela López-Yuste, avait indiqué qu'une «faute exclusive» du conducteur de la patera était à l'origine du drame. Mais, la radio Cadena Ser avait pris son contrepied, indiquant, sur la base d'une vidéo du Système intégral de vigilance extérieure (SIVE), que le patrouilleur espagnol n'avait visiblement pas évité la petite barque. Une version aussi soutenue par les rescapés. Les autorités espagnoles elles, avaient joué la carte d'une «défaillance technique dans l'un des moteurs» du bateau de la Guardia Civil. Du côté marocain, Mohamed Issam, député de la ville de Sidi Ifni, avait laissé entendre que «les audiences se seraient déroulées à huis clos» après plusieurs témoignages recueillis. De toute façon, la justice espagnole avait disculpé la Guardia civil. Le syndicat ODT-travailleurs immigrés avait vivement protesté contre cette décision et appelé à une réaction plus ferme du Maroc. Les familles des victimes vivant à Sidi Ifni ainsi que les autorités de cette ville avaient également demandé des éclaircissements dans cette affaire pleine de rebondissements. L'ambassadeur espagnol a été invité à mettre à la disposition du Maroc «tous les documents et informations en rapport avec cette question sensible», comme l'avait souligné la MAP à l'époque. Mais, après de multiples réactions attendues, aucune commission d'enquête n'a été mise en place par le Maroc. L'affaire reste encore une plaie béante pour les victimes.