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« Le Maroc est un pays dont la Croatie a beaucoup à apprendre », selon l'Ambassadeur Zvonimir Frka Petešić
Publié dans Yabiladi le 20 - 06 - 2015

Au milieu de plus de 200 invités lundi 15 juin à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc à Rabat, l'Ambassadeur de la république de Croatie, Zvonimir Frka Petešić, a célébré les 24 ans d'indépendance de son pays. Dans un entretien avec Yabiladi, le diplomate revient sur la coopération politique, diplomatique et économique entre les deux pays. Pour lui, le Maroc est un exemple à suivre. Interview.
Yabiladi : La célébration de la fête nationale de la Croatie à la Bibliothèque nationale du royaume du Maroc témoigne du bon état des relations politiques et diplomatiques. Où en sont-elles ?
S.E.M. Zvonimir Frka Petešić : Effectivement, nos deux pays entretiennent de très bonnes relations, et je rappelle qu'elles sont aussi très anciennes, puisque la première représentation diplomatique croate au Royaume chérifien remonte au XVIIIe siècle, sous le règne de Sidi Mohammed ben Abdallah. C'était du temps où la République aristocratique croate de Raguse, aujourd'hui Dubrovnik, avait établi son consulat à Tanger. Le Maroc fut quant à lui en avril 1992 l'un des tout premiers pays à reconnaître l'indépendance regagnée de la Croatie, et il a ouvert son ambassade à Zagreb il y a deux ans, tandis que la nôtre au Maroc est ouverte depuis 1996 et nous couvrons depuis Rabat, huit autres pays, de la Tunisie au Gabon, en passant par le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire ou le Cameroun. C'est dire l'importance accordée au Maroc.
La Croatie a en effet choisi le Maroc pour partenaire privilégié et stratégique au sud de la Méditerranée et cela doit se concrétiser prochainement par la conclusion d'un «Partenariat global et de long terme», ce qui constituera un cadre nous permettant d'intensifier et de diversifier nos relations dans tous les domaines, et qui marquera une nouvelle étape dans le renforcement de nos liens politiques, économiques et culturels. Nos relations bilatérales sont régulièrement ponctuées de rencontres de haut niveau entre responsables ministériels notamment. Nous avons également développé une excellente collaboration entre l'Office gouvernemental croate pour la société civile et le ministère marocain chargé des Relations avec le parlement et la société civile.
Sur le plan de l'aide au développement, nous appuyons aussi les efforts du Maroc dans sa mise en œuvre du programme national contre le SIDA en finançant l'étude de risques en matière de santé reproductive dans le Souss-Massa-Drâa via l'OMS. La Croatie finance également des bourses d'études prenant en charge des frais de scolarisation et d'hébergement de jeunes filles à Imintanoute, au sud de Marrakech, en collaboration avec le Comité de soutien à la scolarisation des jeunes filles rurales. Ce projet très concret s'inscrit d'ailleurs dans les priorités de la Croatie, engagée en faveur de l'émancipation des jeunes filles et des femmes, comme acteur-clé du développement.
Depuis quelques temps, la Croatie étudie les perspectives de développement de la coopération économique bilatérale. Où en est celle-ci ?
Notre coopération économique est bien en-dessous de nos espérances et de notre potentiel, et ce dans les deux sens. Nous travaillons à la développer, notamment par l'établissement d'un Conseil d'affaires croato-marocain, et par la nomination, j'espère prochainement, de plusieurs consuls honoraires croates au Maroc. Car depuis l'entrée de la Croatie dans l'Union européennes, en 2013, nos entreprises disposent d'un cadre propice pour intensifier leurs échanges.
Pour notre part, nous exportons principalement des produits dérivés du pétrole, de produits pharmaceutiques, des équipements électriques, (transformateurs et générateurs) et du bois de qualité (dont 65% va à l'export), tout en disposant d'entreprises performantes et compétitives dans le domaine de la construction navale, mais aussi de trains, locomotives et tramways, de grandes entreprises de BTP, de sociétés informatiques spécialisées dans la gestions de grands systèmes intégrés (administrations, hôpitaux, etc.).
Quels sont, à ce jour, les principaux domaines de coopération économique entre les deux pays ?
La Croatie dispose d'une tradition industrielle ancienne (construction près de Šibenik du premier barrage hydroélectrique d'Europe en 1895 par Nikola Tesla, génial inventeur du courant alternatif, ou plus récemment, l'invention en 1997 du format de compression musical MP3 par l'ingénieur croate Tomislav Uzelac,...). Forte de cette tradition et de ce savoir-faire, nous disposons d'entreprises compétitives dont certaines sont présentes au Maroc.
Je n'en citerai que quelques-unes : l'entreprise Končar équipe en générateurs et transformateurs électriques au Maroc de nombreux sites industriels et centrales électriques ; la société Gredelj a fourni une trentaine de locomotives à l'ONCF ; la société Geotehnika, fondée en 1948 à Zagreb et implantée au Maroc depuis 1992 où elle est l'un des leaders pour les forages et fondations profondes. Parmi ses plusieurs centaines de réalisations, on peut citer la consolidation des fondations de la Grande mosquée de Casablanca, les fondations du pont autoroutier sur le Bouregreg ou encore la réalisation des fondations des 10 000 miroirs solaires de la centrale thermo-solaire «Noor 1» près d'Ourzazate. Nous construisons aussi des éoliennes, ce qui est aussi un domaine de coopération possible.
Et quels sont les secteurs actuellement à l'étude ?
La Croatie disposant de plus de 50 marinas, nos entreprises sont toutes disposées à apporter leur expertise. Nous avons développé notre propre industrie de défense, avec des nombreuses innovations, telles que l'engin téléguidé de déminage unique que nous exportons sur tous les continents, un casque en kevlar révolutionnaire ou d'autres produits de qualité, équipant notamment la Garde nationale américaine.
En outre, la découverte d'importantes réserves en hydrocarbures en Croatie pourrait d'ici quelques années ouvrir de nouveaux domaines d'échanges. Le textile, l'agro-alimentaire sont aussi des secteurs importants, et le port de Rijeka peut être une porte d'entrée intéressante et la plus directe pour les produits marocains en destination des marchés d'Europe centrale. Le tourisme est enfin un secteur de coopération important et nous encourageons nos agences de voyage à développer des partenariats afin de mettre en place des vols directs facilitant la venue de touristes croates au Maroc et de touristes marocains en Croatie. D'ailleurs, la Croatie est devenue la 6e destination de la Méditerranée (juste derrière les 4 géants: France, Espagne, Italie, Turquie et talonne la Grèce) puisqu'elle accueille désormais 12 millions de touristes par an, soit 3 fois sa population.
Un autre domaine très important qui peut avoir d'importantes retombées économiques concerne la convergence réglementaire avec la réglementation européenne, qui dans le cadre du Statut avancé du Maroc, doit notamment permettre de faciliter les échanges entre les entreprises marocaines et européennes. En tant que dernier pays à avoir rejoint l'Union européenne en 2013, nous disposons de l'expérience la plus récente, mais aussi la plus complète, car depuis l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, en 2009, l' «acquis communautaire», soit l'ensemble de la réglementation européenne, a plus que doublé, passant de 75 000 à 162 000 pages entre 2004 et 2013 – une pile de 16 m de hauteur ! C'est cette expérience que nos anciens négociateurs peuvent apporter au Maroc pour l'assister dans ses efforts en vue de la mise en œuvre du programme «Réussir le Statut avancé». Ce serait là également un appui concret et tangible au partenaire privilégié qu'est pour nous le Maroc. 
Lors de sa visite à Rabat en mars 2014, la présidente du groupe interparlementaire de l'amitié Croatie-Maroc prévoyait une plus grande implication de la Croatie dans les énergies renouvelables, la protection de l'environnement et l'industrie pharmaceutique au Maroc. Qu'en est-il ?
Beaucoup a été fait ces dernières années en Croatie en matière de protection de l'environnement, notamment dans le cadre des réformes très exigeantes accomplies par la Croatie afin de remplir les conditions à l'adhésion à l'Union européenne. Aujourd'hui notre pays dispose de 11 Parcs naturels, 8 Parcs nationaux et deux réserves strictes, s'étendant sur 10% du territoire national, et étant le 3e pays d'Europe par ses réserves en eau par habitant (après l'Islande et la Norvège), bordée de la mer Adriatique, la plus pure de la Méditerranée, la Croatie est très sensible à la question de la protection de l'environnement.
Nos réalisations dans ce domaine nous ont permis d'acquérir une expérience précieuse. Un exemple : en matière de recyclage de bouteilles en plastiques, nous avons ainsi mis en place des guichets automatiques où l'on peut déposer ses bouteilles en plastiques et où l'automate vous délivre en échange une modique somme d'argent en fonction du nombre de bouteilles déposées. Nous en avons discuté avec nos partenaires marocains, très intéressés, et travaillons à concrétiser une possible coopération.
Y a-t-il eu échange d'expérience entre les deux pays sur la question environnementale, sachant que pour la COP21, le Maroc a formulé un objectif national de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre et que le royaume accueille la COP22 l'an prochain ?
Oui, en effet, le Maroc vise à une réduction de 32 % des gaz à effet de serre à l'horizon de 2030, ce qui est une bonne chose. J'ai participé en mai dernier à Skhirat à la réunion du groupe d'experts de l'Union pour la Méditerranée ouvert par Mme la Ministre Hakima El Haité. À cette occasion, j'ai eu l'occasion de la féliciter pour les efforts déployés par le Maroc en matière de protection de l'Environnement et de lutte contre les effets du changement climatique. Car bien que le Maroc n'en soit pas, évidemment, parmi les principaux responsables, il est clair que c'est un phénomène auquel on ne peut répondre que tous ensemble, mais en tenant compte des spécificités, de la responsabilité et des moyens de chacun. C'est précisément pour cela que j'ai souligné à cette occasion, que nous considérions, côté croate, qu'il faut convenir d'une nouvelle répartition des engagements entres les pays, afin de mieux refléter leurs différences et le principe «responsabilité commune mais différenciée». Concernant les préparatifs pour la COP21 à Paris, la Croatie, en tant qu'Etat membre de l'UE, considère que le nouvel accord mondial, qui je l'espère y sera conclu, doit être juridiquement contraignant tout en assurant, dans la mesure du possible, que les engagements d'atténuation par les pays qui contribuent le plus aux émissions à effet de serre soient comparables aux objectifs pour 2030 de l'UE. Car de la réussite de la COP21 à Paris dépendra aussi celle de la COP22 à Marrakech.
Lors de votre allocution ce lundi vous disiez que le Maroc est «un pays dont [la Croatie] a beaucoup à apprendre» ; Expliquez-vous.
Le Maroc, en tant qu'Extrême-Occident de l'Orient et Extrême-Nord du Sud, si j'ose dire, est un pays carrefour, multiculturel et riche d'une longue histoire, d'une stabilité remarquable, et dont les opinions et prises de position comptent. À ce titre, il est un pont entre deux continents appelés à jouer dans le siècle qui débute un rôle nouveau et essentiel pour la paix et la stabilité du monde. Car face à la montée du fanatisme et du terrorisme, la meilleure réponse à apporter est le renforcement des liens unissant l'Afrique et l'Europe. Or qui mieux que le Maroc peut y contribuer ? Sa connaissance de l'Afrique sub-saharienne tout en étant un Etat-clé du Maghreb arabe en font un partenaire dont nous avons beaucoup à apprendre, notamment au moment où l'Europe en en train de redéfinir sa politique de voisinage.


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