Au Maroc, entre les textes de loi et la pratique, il y a souvent un fossé abyssal. Les crimes sexuels n'échappent pas à ce constat. Des violeurs de femmes et d'enfants s'en sortent souvent avec de faibles condamnations. Une ONG islamiste, proche du PJD, préconise la castration chimique des coupables. La Haute délégation des prisons a-t-elle les moyens de mener une telle mission ? La justice marocaine condamne les crimes sexuels. L'article 484 de l'actuel Code pénal précise que «le viol (…) est puni de la réclusion de cinq à dix ans. Toutefois si le viol a été commis sur la personne d'une mineure de moins de dix-huit ans, d'une incapable, d'une handicapée, d'une personne connue par ses facultés mentales faibles, ou d'une femme enceinte, la peine est la réclusion de dix à vingt ans». Des verdicts qui sont cependant rarement prononcés par les juges contre les coupables. Un vide que la société civile tente de combler à l'occasion du débat lancé le lundi 20 avril à Rabat par le ministre de la Justice et des Libertés sur le projet de révision dudit Code. Le Maroc a-t-il les moyens de mener la castration chimique? Le Forum Azzahra, très proche du PJD, propose de durcir les condamnations des auteurs de ces crimes. L'ONG recommande le recours à la castration chimique des violeurs récidivistes. Seulement, les injections des détenus de substances hormonales doivent se faire dans des centres agréés pendant une longue durée. Par ailleurs, l'équipe médicale responsable du traitement est appelé à soumettre les patients à des examens périodiques pour s'assurer qu'ils ne prennent pas des hormones mâles. Un chapelet de précautions et de conditions à prendre et à remplir avant de soumettre les violeurs à la castration chimique. Le Maroc, et spécialement la Haute délégation des prisons et de l'insertion, a-t-il les moyens humains et financiers nécessaire pour mener à bien une telle mission ? La requête du Forum précise que cette sanction est pratiquée dans une dizaine de pays européens. Elle est en effet, en vigueur au Royaume-Uni, en Belgique, au Danemark, en Allemagne, en Espagne, en Pologne et en Suède. En France, le Sénat avait refusé en 2009, d'adopter une loi votée en première lecture par l'Assemblée Nationale, laissant au médecin traitant le droit de prescrire ou non la castration et ce en fonction du patient. Les Etats-Unis recourent également à la même peine contre les criminels sexuels.