Malgré les opérations de démantèlement des cellules de recrutement de jihadistes, Daesh continue de séduire des Marocains originaires du nord, qui fuient surtout la pauvreté. Des aspirants jihadistes continuent d'échapper aux mailles du filet tendu par les services de sûreté et parviennent à rejoindre Daesh. En mars six personnes originaires de la wilaya de Tétouan auraient rallié l'organisation de l'"Etat islamique", selon un bilan de l'Observatoire du nord des droits de l'Homme. Sur la base de témoignages recueillis auprès des familles et des amis, les recrues auraient pris un aller simple vers la Turquie à partir de l'aéroport Mohammed V de Casablanca. Parmi elles, un couple avec leur petite fille âgée d'à peine quatre ans. Deux jeunes amis résidents à Martil et un fonctionnaire au tribunal de première instance de Tétouan, complètent la liste des partants vers l'EI, durant le mois dernier. Fuir la pauvreté vers Daesh Des cellules de recrutement basées à Ceuta jouent un rôle déterminant dans l'enrôlement de nouveaux combattants originaires du nord du Maroc. Elles choisissent leurs cibles dans les rangs des classes défavorisées. La proximité géographique et les liens familiaux unissant le préside occupé aux habitants de Tétouan, Fnideq, Martil et Mdiq, facilitent la mission des rabatteurs de Daesh. En 2014, 74% des jihadistes de la région qui ont rallié l'Irak ou la Syrie sont issus de milieux modestes contre 23% appartenant à la classe moyenne, indique une étude de l'Observatoire du nord des droits de l'Homme. Contrairement aux autres enseignes terroristes, EI se différencie par une offre complète destinée à ses futurs membres. Il s'agit d'un package comprenant le jihad, la fortune et l'épouse pour les hommes et l'époux pour les femmes. Un plan de carrière qui semble séduire. Les images et les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrant des anciens sans emploi de la région du nord vivant dans le confort dans la capitale de Daesh (Raqqa en syrie), est un autre élément mis au service de la propagande de l'organisation terroriste. Du coup, les familles ne sont plus opposées au départ de leurs fils vers EI. Certains avancent même que les combattants enverraient de l'argent à leurs parents restés au Maroc. Grâce à des petits réseaux de commerçants en Europe, les sommes d'argent sont acheminées jusqu'à Ceuta. Et de là, il est facile de les distribuer aux destinataires vivant dans la région de Tétouan.