L'arrivée de Muhammadu Buhari à la présidence du Nigeria pourrait marquer une nouvelle page dans les relations nigériano-marocaines. Mohammed VI le souhaite vivement et espère que cette élection insufflera une nouvelle dynamique entre les deux pays. Par contre, l'Algérie et le Polisario semblent moins enthousiastes si l'on en juge par le temps qu'ils ont pris pour féliciter le nouveau président. Le roi Mohammed VI a adressé un message de félicitation au président nigérian, Muhammadu Buhari. Dans son message résolument tourné vers l'avenir, le souverain se prononce pour une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays, basées essentiellement sur le «respect total des constantes nationales des deux pays». Mohammed VI tend également la main au chef de l'Etat nigérian en vue de contribuer à «l'émergence d'une nouvelle Afrique, où les peuples ambitionnent plus que jamais à réaliser le développement global dans la paix et la stabilité». Visiblement le monarque est convaincu que le Nigeria sous la présidence de Buhari corrigera sa politique à l'égard du Maroc par des actions à même de «transcender les différends et malentendus qui ont marqué l'étape précédente et qui relèvent désormais du passé». La question du Sahara occidental profitera-t-elle de l'accession de l'ancien général de l'armée à la magistrature suprême de son pays ? Les prochains jours devront apporter quelques éléments de réponse. Bouteflika et le Polisario ont tardé à féliciter le nouveau président Il a fallu attendre plus de quinze heures avant que l'APS ne diffuse le message de félicitation du président algérien à son homologue nigérian. Et ce n'est pas la maladie du locataire du palais d'Al Mouradia qui pourrait justifier un tel retard. A l'heure où les partisans de Muhammadu Buhari fêtaient la victoire de leur candidat, Bouteflika s'entretenait avec son invité de marque Jacob Zuma. La presse locale a d'ailleurs consacré une série d'articles à la visite du président sud-africain à Alger. Contrairement au roi Mohammed VI qui a émis le vœu, dans son message, de l'«émergence d'une nouvelle Afrique», Bouteflika a préféré parler d'une «coopération pour la mise en œuvre des principes et objectifs de l'Union africaine», union à laquelle le Maroc n'est pas membre. Sur les traces de son parrain, la direction Polisario a mis plusieurs heures avant d'envoyer un message de félicitations à Buhari. Comparé avec la rapidité avec laquelle elle avait réagi après l'annonce des résultats des présidentielles mauritaniennes en juin dernier, on pourrait se poser des question sur le temps pris cette fois-ci, surtout que le Nigeria est un allié traditionnel des séparatistes. Le texte de félicitation du Front est lui plein de souvenirs du passé. Le Polisario a tenu à rappeler au nouveau président nigérian la décision prise par son pays en novembre 1984 de reconnaitre l'autoproclamé «RASD». Une mesure qui avait ouvert la voie aux polisariens pour intégrer l'Organisation de l'unité africaine, se remémore Mohamed Abdelaziz.