Mounir Lyame a réussi son pari lors des départementales 2015 qui se sont achevées dimanche en France. Ce Franco-marocain de seulement 30 ans a réussi à battre le FN à Vierzon, dans le Cher. Il ainsi remporté le second tour sous les couleurs du Front de gauche. «Le plus beau cadeau qu'on puisse faire au FN c'est de voter pour moi». Voilà une déclaration de Mounir Lyame, entre 1000 autres tenues pendants ses meetings, qui lui restera certainement à jamais collée à la peau. Une première pour un jeune d'origine maghrébine Prétentieux, diraient certains et courageux, diraient d'autres. En tout cas, si c'était un pari, le jeune Franco-marocain de 30 ans l'a remporté. Il s'en est sorti avec son binôme Karine Chêne en remportant 62% des voix contre 38% pour le Front National (FN) dans le canton de Vierzon 1, lors du second tour des départementales. En outre, «c'est la première fois qu'un jeune binational issu du Maghreb est élu au conseil» générale, souligne fièrement le jeune homme dans un entretien avec Yabiladi. De plus, «la victoire face au FN, cela fait vraiment plaisir», ajoute-t-il. A priori, le combat n'était pas très rude à Vierzon pour l'élu franco-marocain. Et pour cause, le maire de la ville, le député, ainsi que le vice-président de la région sont communistes. «En fait, le Front de gauche est en quelque sorte en terrain conquis à Vierzon», lance-t-il. Mais comme dans toute la France, la ville connait également une certaine la montée du parti d'extrême droite. «Les gens sont mécontents. Sur le terrain, ils nous disaient on a essayé la droite sous Sarkozy, ça n'a pas marché, on a essayé la Gauche sous Hollande, ça n'a pas marché, alors on va voter FN. Et nous leur disions que la colère est légitime, mais plutôt que de voter le FN par dépit, qu'ils votent pour nous», explique ce natif de Vierzon. Mobilisation des mamans Mounir Lyame a également reçu un fort soutien de la communauté maghrébine de la ville. «Beaucoup se sont identifiés à moi, j'ai reçu pleins de messages d'encouragements de jeunes d'origine marocaine, algérienne et Tunisienne», affirme le jeune élu. Mais ceux de sa génération ne sont pas les seuls à s'être manifestés. «Les mamans aussi se sont beaucoup mobilisées. Elles se sont passées des coups de fil entre elles. J'en ai rencontré une au marché qui m'a dit qu'elle a reçu mes propositions politiques où il y avait ma photo et elle l'a collé sur son frigo. Ça fait vraiment plaisir», confie-t-il, ajoutant que «des personnes qu'on n'avait jamais vu dans le bureau de vote s'y sont rendues» pendant ces départementales. Désormais il songe déjà à tout mettre en place pour veiller à ce que les intérêts des habitants soient préservés. «Nous avons dit aux gens que nous sommes des élus de proximité. Nous devons le leur montrer», dit-il, reconnaissant l'enjeu face à la «défiance» des politiques qui s'installe de plus en plus dans la région. C'est dans ce même état d'esprit que travaille également Fatima Bousseta aux Mureaux (UMP). Elle a également remporté le second tour face à l'extrême droite avec 66,45% des voix contre 33,55% pour le FN. D'après Mounir Lyame, les gens ont quelque peu dépassé le vote par la couleur politique dans les cantons. «Il y a eu cette conscience politique qui a amené les gens à voter pour ceux qui se préoccupent de leur cause», conclut-il.