Après les rapports et classements d'organisations internationales sur la liberté de la presse au Maroc, le gouvernement fait son propre bilan de la situation en 2014. L'état des lieux des autorités marocaines balaie toute critique et le ministre de tutelle, Mustapha El Khalfi, estime que l'évolution est «palpable». Détails. Il y a eu une «évolution palpable» de l'état de la liberté de la presse au Maroc en 2014, a déclaré hier, mercredi, en conférence de presse le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, rapporte l'agence EFE. Il présentait le rapport annuel sur la liberté de la presse. Le document reprend autrement cette affirmation indiquant que «la liberté de la presse au Maroc a connu une nette progression en 2014». Le département d'El Khalfi tient pour preuve, entre autres, les progrès du royaume dans les classements internationaux réalisés par les organisations de défense pour la liberté de la presse, dont la dernière édition de celui de Reporters sans frontières, dans laquelle le Maroc gagnait six places. Autorisation d'une centaine de sites d'information Le rapport fait valoir que le Maroc a poursuivi en 2014 le processus législatif visant à renforcer les dispositions juridiques garantissant la liberté dans la pratique journalistique, et ce selon une approche participative avec les professionnels. Cela s'est concrétisé, d'après la même source, par la présentation au mois d'octobre d'un projet complet ayant pris en compte les propositions de toutes les parties. «Au cours de l'année 2015, on achèvera la procédure d'adoption», annonce le ministère. Dans le cadre du renforcement de la liberté d'accès à internet, le département d'El Khalfi assure également avoir octroyé des autorisations à 113 sites électroniques d'information dans les diverses régions du royaume jusqu'à fin janvier 2015. Accréditation de 99 journalistes de 27 nationalités différentes Par ailleurs, «aucun journaliste n'a été contraint de divulguer ses sources» au cours de l'année 2014, indique fièrement le rapport gouvernemental sur la liberté de la presse, ajoutant que le Maroc était absent de la liste des pays qui ont demandé à «Twitter», «Google» ou «Facebook» de leurs délivrer des informations sur les utilisateurs de ces réseaux. Concernant l'exercice de la profession au Maroc par des étrangers, 99 journalistes de 23 nationalités et représentant 57 institution médiatiques étrangères ont été accrédités par les autorités chérifiennes en 2014, selon le rapport. Pour le ministère, cela n'est que positif, dans la mesure où la présence des médias étrangers au Maroc est consolidée. El Khalfi justifie les non autorisations Pour ce qui est des journaux et périodiques étrangers, ils ont été distribués à travers le royaume à hauteur de 20 millions d'exemplaires relevant de 2 172 titres étrangers, indique le rapport précisant que «le Maroc est un pays ouvert qui n'impose pas de restrictions à la liberté de mouvement des journalistes et correspondants étrangers». Le ministère de la Communication relève, cependant, que les cas de non autorisation de publications étrangères sont dus au contenu «d'images pornographiques, qui constituent un danger pour le jeune public, ou d'images portant atteinte aux symboles de la religion». Le rapport précise également que ces décisions sont prises en référence à la législation en vigueur au Maroc et conformément aux engagements internationaux du royaume. Les auteurs font allusion notamment au dernier numéro de Charlie Hebdo et aux publications qui ont repris les caricatures du prophètes qui ont été interdits de vente dans le royaume suscitant encore un intérêt particulier des médias français. «La censure pour des raisons politiques n'existe plus au Maroc» Abordant cet aspect en conférence de presse, le ministre a affirmé que «la censure pour des raisons politiques n'existe plus au Maroc», rapporte Le Figaro. «Il faut respecter la souveraineté du pays en respectant ses lois»,a-t-il ajouté, faisant référence à l'expulsion de deux journalistes français intervenue la semaine dernière. En matière de sécurité, les agressions des journalistes pendant l'exercice de leur métier a stagné en 2014, comparé à l'année précédente. Le département d'El Khalfi en a, en effet, enregistré 14 cas tout comme en 2013, quand 2012 s'achevait avec 20 cas d'agression contre des journalistes en exercice. Le ministère dresse donc un bilan très positif balayant toute critique. Mais rappelons qu'en faisant monter le Maroc de six places dans son dernier classement, Reporters sans frontières estimait tout de même que le royaume restait à la traîne, avec la liberté de l'information qui reste entravée dans les textes et dans la pratique par des «lignes rouges» que sont la monarchie et la religion, entre autres.