Reporters Sans Frontières vient de publier le classement mondial de la liberté de la presse. Cette année, le Maroc a gagné six places par rapport à 2014, mais le royaume reste très loin des références en la matière. L'organisme salue toutefois les trois projets de loi portant sur la «presse et l'édition», le «statut du journaliste professionnel» et le «Conseil national de la Presse» , mais estime que des amendements sont nécessaires. Après trois années, 2012, 2013 et 2014, où il était classé 136ème dans le monde, le Maroc a légèrement progressé en 2015 en matière de liberté de la presse. C'est ce qui ressort du dernier classement de Reporters Sans Frontières publié jeudi. Avec un score de 39,19, le royaume a gagné six places dans ce nouveau classement qui prend en compte la situation de la presse dans 180 pays. Le tableau établi par RSF est dominé par les pays Nordiques. Ainsi, avec un score de 7,52, la Finlande reste en tête, une situation similaire depuis 5 ans, alors que la Norvège (7,75) et le Danemark (8,24) complètent le podium devant les Pays-Bas, la Suède et la Nouvelle-Zélande. D'autre part, l'Erythrée reste dernière du classement, devancée par quatre pays asiatiques : Corée du Nord, Turkménistan, Syrie et Chine. Le Maroc 36ème en Afrique Sur le plan africain, la liberté de la presse marocaine ne fait pas vraiment le poids comparée à plusieurs pays qui sont pourtant beaucoup moins développés ou qui ont connu des conflits. Ainsi, le royaume, qui se retrouve 36ème sur le continent, est devancé par la Namibie (17ème mondial), le Ghana (22ème) et le Cap-Vert (36ème), qui forment le trio de tête africain, ainsi que la République Centrafricaine (110ème) et le Soudan du Sud (125ème) Au Maghreb, c'est la Mauritanie (55ème mondial) qui est devenue la référence en matière de liberté de presse suivi de loin par l'Algérie (119ème) et la Tunisie (126ème) alors que le Libye ferme la marche avec une 154ème place. Dans le monde arabe et le Moyen-Orient, le royaume ne fait pas aussi bien que des pays comme l'Afghanistan (122ème), les Emirats Arabes Unis (120ème), le Qatar (115ème), le Liban (98ème) ou encore le Koweït (90ème). Des timides avancées en 2014 RSF note toutefois que le Maroc a réalisé des avancées dans le cadre de la réforme du Code de la presse et de l'édition. L'organisme rappelle les trois projets de loi portant sur «la presse et l'édition», le «statut du journaliste professionnel» et le «Conseil national de la Presse», qui ont été présentés en octobre 2014 par le ministère de la Communication. «Ces textes présentent une certaine avancée, notamment en ce qui concerne l'abandon des peines de prison pour les infractions de presse», indique RSF, estimant que «plusieurs amendements sont toutefois nécessaires afin de respecter les standards internationaux en matière de liberté d'information». RSF explique que si le pays a connu en 2014 une légère hausse dans le classement, la liberté de l'information reste entravée dans les textes et dans la pratique par des «lignes rouges» que sont la monarchie, l'islam et l'intégrité territoriale, ainsi que les interdictions de publication pour «délit de blasphème». Ce qui fait que le Maroc est toujours parmi les pays en rouge dans le classement. Globalement, la liberté de la presse a enregistré un recul dans le monde. Une «détérioration globale» de la situation a été notée en 2014. RSF indique la liberté de la presse régresse» sur les cinq continents à cause de plusieurs facteurs : conflits, la menace accrue d'acteurs non étatiques, exactions commises lors de manifestations et crise économique et financière.