Le Parti populaire (PP) espagnol a de nouveau pris le rôle de provocateur concernant la politique étrangère espagnole, en critiquant l'attitude du gouvernement à l'égard du Maroc. Cette semaine, le PP a proposé une motion comportant six «lignes rouges» qui devraient, selon le PP, guider les relations hispano-marocaines. Les sénateurs ont rejeté la proposition ce mercredi par 129 voix contre, 112 pour et une abstention. Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères, a été interpelé la semaine dernière par des sénateurs du PP. Il a répondu aux questions sur l'état de la coopération avec le Maroc, et ce après les nombreux incidents (frontière de Melilla et à Laâyoune) ayant refroidi les relations entre les deux pays. Miguel Angel Moratinos avait accusé le PP de vouloir attiser la tension avec le Maroc. Une accusation qui s'est une nouvelle fois vérifiée avec des propositions visant à instaurer des conditions au maintien des relations entre le Maroc et l'Espagne. Le Parti de Mariano Rajoy a en effet proposé une motion avec six points, des «lignes rouges» qui devraient selon le PP, servir de base aux relations entre les deux voisins. Elle a été rejetée après un vote, au motif d'après l'agence EFE, qu'elle est considérée comme une simple «provocation» à l'égard du Maroc et conduirait à «l'escalade des tensions» dans les relations bilatérales. Le texte demandait au gouvernement central, d'exiger du Maroc, la pleine garantie des droits fondamentaux des citoyens espagnols en visite au Maroc ainsi que la liberté totale de circulation de ces personnes et de leurs biens. On s'interroge d'ailleurs sur le bien fondé de cette proposition, car le Maroc n'a jamais entravé la liberté de mouvement des Espagnols. En deuxième lieu, le PP a demandé dans sa proposition, une enquête approfondie sur plusieurs incidents survenus aussi bien à la frontière avec Melilla, que dans les provinces sahariennes. Comme troisième «ligne rouge», il a appelé Madrid à annuler tous les documents officiels ne reconnaissant pas la souveraineté espagnole sur Sebta et Melilla. La quatrième et cinquième propositions sont relatives au Sahara. Ce sont la reprise des efforts sous les auspices des Nations Unies (ONU), pour parvenir à une solution au conflit du Sahara. Et la recherche sous l'impulsion du duo ONU-Union européenne, d'un plan de règlement de la situation des réfugiés sahraouis, avec leur retour dans leur région d'origine, sans mesures de rétorsion et avec la garantie de tous leurs droits. Enfin la sixième, demandait à l'équipe de Zapatero, de tout faire pour obtenir la libération des prisonniers politiques sahraouis et leur retour auprès des leurs. Le blocage du texte qui était défendu par le très populaire sénateur Alejandro Muñoz Alonso a fait réagir ce dernier. Selon lui, la politique de l'exécutif Zapatero envers le Maroc, est une «complaisance avec tous et pour tous, souvent au détriment des intérêts de l'Espagne». Pour Muñoz Alonso, le Maroc représente «plus qu'un ami» pour l'Espagne, mais, il est impossible d'ignorer les problèmes. De nombreux sénateurs socialistes ont critiqué la position du PP, notamment son ambition de vouloir «instaurer l'escalade et de tension» dans les relations entre les deux voisins. Le gouvernement Zapatero ne cède pas pour l'instant aux provocations du PP. On commence toutefois à se demander si le PP n'avait pas mieux à faire à se concentrer sur les questions internes espagnoles, au lieu de critiquer encore et encore le gouvernement Zapatero sur ce dossier de politique étrangère. Si des gouvernements peuvent avoir la stratégie de gonfler un sujet de politique étrangère pour dévier l'attention de l'opinion publique des problèmes internes, un parti d'opposition n'entre habituellement pas dans cette logique. Le Partido Popular semble toutefois vouloir absolument faire exception...