Selon rapport de situation sur l'alcool et la santé dans le monde en 2014 publié par l'organisation mondiale de la santé (OMS) l'alcool est très consommé sur la planète et le Maroc ne fait pas exception, bien que sa population consommatrice soit très faible. Les conséquences sur la santé doivent être sérieusement considérées par les autorités, estime l'OMS. En 2010, la consommation totale d'alcool pur dans le monde était de 6,2 litres d'alcool pur par personne âgée de 15 ans et plus, indique le tout dernier rapport de l'Organisation mondiale de la santé de situation sur l'alcool et la santé dans le monde récemment repris par Le Monde. Les buveurs africains subsahariens et indiens sont les plus grands adeptes d'alcool avec notamment les consommateurs Tchadiens qui boivent 33,9 litres d'alcool pure par an ou les Gambiens qui en consomment 30,9 litres, quand les Indiens sont à 28,7 litres d'alcool pur par an. Un Marocain buveur consomme 17,1 L d'alcool pur par an En ce qui concerne les Marocains, les buveurs sont peu nombreux, mais consomment beaucoup d'alcool. En effet, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon les résultats de l'étude, 86,6% de la population chérifienne âgée de 15 ans et plus n'a jamais bu une seule goutte d'alcool et 8% constitue les anciens buveurs. Le reste, 5,4%, représente donc ceux qui boivent. Ces derniers consomment chacun en moyenne 17,1 litres d'alcool pur par an, indique le rapport. C'est assez énorme surtout comparé à des pays comme la France ou les Etats-Unis ou la consommation d'alcool est plutôt culturelle. En effet, le rapport montre qu'un buveur français consomme 12,9 litres d'alcool pur par, tandis que l'Américain en boit 13,3 litres. Toutefois en Afrique du Nord, la palme revient aux buveurs tunisiens qui consomment même plus que les Russes pourtant réputés pour être de grands friands d'alcool en Europe. Ainsi quand un russe boit 22,3 litres d'alcool pur par an, un Tunisien ingurgite en moyenne 26,2 litres. La bière et le vin l'emporte sur les spiritueux De manière générale, les Marocains buveurs s'intéressent à tout type d'alcool présent sur le marché national. Mais le rapport de l'OMS montre qu'ils ont tout de même une préférence pour la bière et le vin. Ainsi en 2010, la consommation de bière représente 44% de la consommation totale d'alcool, tandis que le vin s'accapare les 36% et les 20% restants reviennent aux spiritueux. Pourtant la situation était toute autre 50 ans plus tôt. Dans les années 60 en effet, les Marocains consommaient beaucoup plus les spiritueux, le vin et autres alcool. C'est à partir des années 70 que la bière a commencé à prendre place dans les mœurs, tel que l'illustre le graphique ci-dessous. La cirrhose du foie, la maladie qui a raison des buveurs excessifs Cette consommation d'alcool n'est cependant pas sans conséquence sur la santé. A travers le monde, 3 millions de personnes ont perdu la vie chaque année, pour cause de consommation excessive d'alcool, selon le document de l'OMS. Au Maroc, précise la même source, l'alcool est responsable de15,2% des décès d'hommes et 15,8% des décès de femme dans les cas la cirrhose du foie. En outre, plus de 1% des décès dans les accidents de la route sont dus à la consommation excessive d'alcool. De plus, l'Organisation note également des cas de dépendance chez certains buveurs marocains. En revanche, l'OMS n'a pu relever «aucune» politique et intervention des autorités pour lutter contre la consommation abusive jusqu'en 2010. Mais il faut signaler que ces dernières années, les autorités se sont penchés sur la question. La gravité des accidents de la circulation, à titre d'exemple, a conduit à la mise en place de l'alcooltest en vigueur depuis octobre dernier. Après, il faut dire que la loi n'est toujours pas appliquée en ce qui concerne la consommation de l'alcool qui est condamnable en raison de la religion. Interrogé récemment par Jeune Afrique, un avocat casablancais pouvait dire : «Si on appliquait les textes à la lettre, il faudrait mettre des millions de Marocains en prison, fermer tous les bars, pub et boîtes de nuit, sanctionner les épiceries et les grandes surfaces qui distribuent de l'alcool».