L'examen du projet de loi de finances 2015 a connu un fort absentéisme des députés. Ces absences interviennent alors que le président de la Chambre des représentants a récemment multiplié les cadeaux aux députés : bons d'essence, smarthphones et tablettes. Le règlement intérieur de la 1er Chambre prévoit pourtant des sanctions pécuniaires contre l'absentéisme. Seule manque l'application de la loi. Encore une fois, l'examen du projet de loi de finances 2015 par la plénière de la Chambre des représentants, a mobilisé peu de députés. Le nombre des élus qui ont boudé les deux séances a attient 163 le samedi et 134 le lendemain, sur un total de 395 sièges. Le président Rachid Talbi Alami, issu des rangs du RNI, visiblement très remonté contre les absents, a annoncé durant plus de trois minutes, leurs noms devant l'opinion publique. Une première au Maroc saluée par des applaudissements à l'intérieur de l'hémicycle. La retransmission en direct du vote par la chaîne Al Oula a largement assuré une médiatisation de l'initiative. Alami a également promis de prendre des sanctions lors de la réunion du bureau de la 1er Chambre. Les cadeaux n'ont pas eu l'effet escompté Ce qui s'est passé le week-end n'est pas un acte isolé. Depuis le début de la cession automnale du parlement, les sièges vides se multiplient. Même la présentation du PLF 2015 par Mohamed Boussaid, le 20 octobre dernier, devant les deux chambres réunies, n'avait pas suscité l'intérêt de nombreux députés absentéistes. Au fil des années, ce phénomène est en train de prendre des proportions inquiétantes alors même que les cadeaux en nature et pécuniers pour inciter les députés à venir sont en nette progression. Dans un précédent article nous avions fait état de la distribution de généreux bons d'essence pour les berlines des 395 députés, un cadeau qui s'ajoute aux smartphones, déjà offerts, et aux futures tablettes. Des sanctions seulement sur le papier L'absentéisme des élus est ancré dans la pratique parlementaire au Maroc. Toutes les tentatives pour enrayer ce fléau se sont révélés vains jusqu'à présent. Pourtant, les textes juridiques ne manquent pas. Le règlement intérieur de la Chambre des représentants, dûment validé par le Conseil constitutionnel (notamment les articles 68 et 69), prévoit en effet, de sanctionner les absents sans excuses par des ponctions sur salaires. Karim Ghellab, alors président de la Chambre basse, était pour prélever 1000 dh par jour séché. Une menace qui n'a jamais été mise à exécution. Les pressions des groupes parlementaires ont réussi à faire retarder l'application de la loi. La colère du président Rachid Talbi Alami aura-t-elle raison de ce blocage ?