Si l'Espagne s'est félicitée de la libération de Mahjouba Hamdidaf, dans les camps de Tindouf la réaction est bien différente. Les jeunes dénoncent la complicité du Polisario dans la «fuite» de la Sahraouie, naturalisée espagnole. Les amis de Mohamed Abdelaziz ont répondu à cette protestation par la matraque. Hier après-midi, les milices du Polisario ont violemment dispersé un sit-in pacifique, devant les bureaux de Mohamed Abdelaziz à Rabouni. Ce rassemblement était organisé par une dizaine de jeunes sahraouis, furieux contre l'implication de la direction dans l'opération de la «fuite» de Mahjouba Hamdidaf, la jeune Espagnole séquestrée pendant plus de quatre mois par sa famille biologique et qui a retrouvé la liberté jeudi dernier. Des blessés graves et des disparus Des médias locaux, tout en déplorant l'usage de la matraque et ses conséquences sur l'image du Polisario à l'étranger, font état de blessés, «dont certains dans un état grave, transportés à l'hôpital», et de disparus dans les rangs des manifestants. Les mêmes sources affirment que les familles des détenus ignorent, jusqu'à présent, où sont leurs proches. Ce recours à la force n'a pas pour autant garanti le retour au calme dans les camps de Tindouf. La solidarité avec la famille de Mahjouba, qui ne décolère pas, augmente d'intensité. De plus en plus de jeunes réclament, en effet, que toute la lumière soit faite sur la «fuite» de l'Espagnole. De son côté, la direction, pour parer à tout imprévu, a renforcé le déploiement de ses milices autour des bureaux de Mohamed Abdelaziz. Le Polisario a encore une corde à son arc Néanmoins, tout n'est pas encore perdu pour la direction du Polisario. Elle a encore en main la carte des chioukhs des tribus pour convaincre les protestataires de retourner dans leur khaimats et oublier toute l'affaire, moyennant des dédommagements à la famille de Mahjouba. Dans une société traditionnelle et tribale, comme la sahraouie, les notables locaux ont un rôle déterminant. C'est pour cette raison, qu'ils sont chouchoutés aussi bien par le Polisario et l'Algérie que par le Maroc. Chaque partie à ses chioukhs qui lui vouent fidélité. Par ailleurs, le représentant du Front en Espagne, dans des déclarations à un quotidien de la région de Valence, s'est «félicité» de la libération de Mahjouba, précisant que cette affaire «n'aura aucune influence sur la population des camps de Tindouf».