Après la réaction rapide et sans équivoque de la part du ministère marocain des Affaires étrangères à l'agression d'un étudiant marocain en possession 1,5 kg de sardines au poste frontière de Melilla, le côté espagnol donne une toute autre version des faits. Au passage, les poissons ont disparu de l'histoire. Explications. Nous l'avions rapporté mardi : Après le communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères mettant gravement en cause les forces de l'ordre de Melilla sur une agression d'un citoyen marocain au passage frontalier, le ministère espagnol des affaires étrangères a annoncé, lundi 2 août, qu'il y aurait une enquête sur les faits rapportés par son homologue marocain. Les Espagnols estimaient déjà que «ce qui s'est passé ne concorde pas avec la description des faits». Aujourd'hui, la délégation du gouvernement central à Melilla a diffusé sa version des faits dans un communiqué qui a rapidement fait le tour de la presse espagnole. Elle est sensiblement différente de ce que rapportait le ministère des affaire étrangères (MAE) marocain. Ainsi, selon ce communiqué, repris par 20minutos.es, les faits se seraient déroulés lundi vers 12h30. Une policière du Corps National de Police (CNP) aurait tenté «d'empêcher un groupe de personnes d'entrer sur le territoire espagnol de manière incontrôlée». A cet instant, la fonctionnaire aurait été attaquée, recevant un coup dans la figure de la part «d'un individu qui a été identifié postérieurement comme M.B., 36 ans, avec passeport français et résidence à Melilla», selon le communiqué. La fonctionnaire aurait reçu du soutien de la part d'un collègue de la Guardia Civil, mais «l'agresseur» aurait «persisté dans son attitude, se débattant et crachant» sur le garde civil jusqu'à ce qu'il soit arrêté, emmené à l'hôpital régional pour ensuite être conduit au poste de police et mis à disposition de la justice. A noter que le sac de sardines, à l'origine de l'interpellation selon le MAE marocain pour non-conformité aux règles d'hygiène européennes, a disparu du récit. De plus, l'homme, Mostapha Bellahcen, aurait vieillit en quelques jours, passant de 30 à 36 ans d'une version à l'autre. Pour les Espagnols, ce n'est pas non plus lui qui aurait été agressé, mais ce serait bien lui l'agresseur, n'agissant, de surcroît, pas seul. Deux versions donc, qui n'ont presque que le nom du protagoniste en commun. On se demande quel intérêt pourrait avoir un individu avec passeport français, à vouloir entrer «de manière incontrôlée» à Melilla (fait qui, dans la version espagnole, est à l'origine de l'altercation). D'autant plus que Melilla serait sa ville de résidence (sic!). La délégation du gouvernement espagnol à Melilla aurait donc mieux fait de suivre le conseil de son propre ministère des Affaires étrangères, qui souhaitait dans son communiqué que les autorités marocaines et espagnoles communiquent avant d'avancer leurs versions des faits. Peut-être qu'on en aurait su davantage sur les raisons des violences à la frontière – et le sort du kilo et demi de sardines.