Le parlement français vient de voter un amendement facilitant la naturalisation de certains chibanis. Salem Fkire, président de l'association Cap Sud MRE qui est très active sur ce dossier, se félicite de cette initiative. Mais pour lui le combat est loin d'être fini, car beaucoup de chibanis vivent dans situations précaires. La solution serait d'autoriser ces vieux immigrés à séjourner plus longtemps dans leurs pays d'origine en conservant leurs droits sociaux. Interview. Le parlement vient de voter une loi pour faciliter l'acquisition de la nationalité française pour les chibanis de plus de 65 ans et qui ont un enfant français. C'est une première victoire pour cette catégorie de la population ? Salem Fkire : Nous félicitons les députés d'avoir fait voter cet amendement, découlant des propositions de la commission des immigrés âgés, permettant aux retraités immigrés de devenir français s'ils le désirent. Cette disposition, qui devrait, en théorie, faciliter l'acquisition de la nationalité Française des Chibanis, a été défendue par le député Alexis Bachelay (rapporteur de la commission des immigrés âgés), et votée en première lecture à l'Assemblée nationale ce mercredi. Mais, nous voulons surtout rappeler à notre secrétaire d'Etat aux Personnes âgées Laurence Rossignol, qui considère cette mesure comme une mesure de «générosité», que nous préférons parler de mesure totalement «légitime» au vu de l'historique de nos pères envers la France. Cette disposition est conditionnée par certaines obligations - Être âgé de plus de 65 ans - Être en France depuis plus de 25 ans - Être parent d'enfants français - Être résident en France de manière régulière et habituelle C'est une des propositions du rapport de la mission d'information parlementaire sur les immigrés âgés. Mais il y en avait d'autres qui sont pour l'instant restées lettre morte... Pour nous, cet amendement n'est qu'un début, car la commission a produit 82 propositions d'une importance certaine, surtout les propositions 74, 75 et 76, et nous estimons qu'elles doivent être appliquées au plus vite, pour qu'enfin nos retraités puissent vivre leur retraite pleine et entière où ils le souhaitent, et surtout, sans plus aucune limite de temps. Quelle solution préconisez-vous pour résoudre les problèmes de ces chibanis étrangers qui n'ont de toute façon pas la possibilité d'acquérir la nationalité française ? Ce mercredi après-midi nous étions en rendez-vous au Parlement français avec le député Pouria Amirshahi pour envisager les stratégies nécessaires sous forme d'amendements ou autres solutions afin de résoudre cette situation discriminante. Il faut rappeler que Mr Amirshahi fut l'un des premiers acteurs politiques français que nous avons rencontré en 2012 sur cette thématique, qui d'ailleurs fut à l'origine de la mise en place de cette commission des immigrés âgés.cMais le plus important, c'est qu'en tant que député des français de l'étranger, il a permis l'extension de la carte de sécurité sociale aux retraités français (carte vitale) qui ont décidé de résider hors communauté européenne. Ainsi, Mr Amirshahi est l'interlocuteur premier pour que cette disposition octroyée aux retraités français soit naturellement étendue aux retraités immigrés de France pour qu'une équité fiscale soit enfin établie. Il nous a certifiés de son soutien le plus efficient, de celui du député Mr Bachelay et nous avons convenu de nous revoir dès le début octobre. Nous attendons aussi la réponse du gouvernement à la question que nous avons fait poser et publier au Journal Officiel le 22 juillet 2014 sous la référence 60848 sur le sujet. Aujourd'hui le pragmatisme est de rigueur, il faut avoir des solutions rapides et directes car nos retraités sont de plus en plus âgés. Nous n'avons donc plus de temps si nous voulons rendre hommage à nos pères en leur permettant d'avoir une retraite libre et apaisée. Nous insistons et rappelons que nos retraités sont et ont été des contribuables comme le sont les contribuables de nationalité française, donc nous disons «même devoir» mais surtout «même droit». Récemment, il y a eu le cas des plusieurs chibanis à Paris, menacés d'être expulsés de leur logement et qui risquaient de se retrouver à la rue. Ont-ils été relogés comme l'ont évoqué certains responsables politiques ? Nous avons suivi cette affaire, qui est, non seulement révoltante, mais indigne pour nos retraités. Nous avons contacté la semaine dernière, le député Alexis Bacheley et un responsable de l'association du D.A.L, Mohamed Ragoubi, qui nous ont confirmé que la procédure d'expulsion n'était plus d'actualité et que la mairie de Paris s'était engagée à procéder à leur relogement. Néanmoins, cette situation confirme notre combat sur ce que nous estimons comme prioritaire : permettre à nos retraités de ne plus être obligés de résider en France plus de 183 jours sous peine de perdre leurs droits sociaux et ainsi pouvoir finir leurs jours dans leur pays d'origine comme ils l'ont toujours rêvé.