Le ministère des MRE et des Affaires de la migration a présenté ce qui devra être la stratégie nationale sur l'Immigration et l'asile, lors d'une rencontre bilan, aujourd'hui, à Rabat, pour l'anniversaire de l'appel du roi à une nouvelle politique migratoire. Pas de grande annonce, pas de projet de loi remis au Secrétariat général du gouvernement, mais le descriptif de ce que sera la stratégie nationale marocaine pour l'Immigration et l'asile. Il y a un an, jour pour jour, le roi appelait à une nouvelle politique migratoire. Aujourd'hui, se tient à Rabat, une grande rencontre en forme de bilan d'étape animée par le ministère des MRE et des Affaires de la migration. Il a présenté ce matin, le détail de ce que devrait être la stratégie imaginée en collaboration avec le cabinet de conseil marocain Capital Consulting. «Le lancement effectif de cette stratégie est imminent», a assuré Othman El Yaalaoui, directeur associé du cabinet qui l'a présenté en lieu et place du ministère. Faciliter l'intégration des immigrés réguliers et gérer les flux migratoires dans le respect des droits de l'homme sont les deux objectifs majeurs de cette feuille de route qui énumère 81 projets et actions. «Chaque mesure a été précisément budgétisée, insiste Othman El Yaalaoui, sans indiquer pour autant de montant, mais la plupart des mesures intègreront les budgets normaux des ministères. Les opérations spécifiques et plus coûteuses pourront faire appel à des bailleurs de fonds, notamment internationaux.» Comme les Marocains Il s'agira d'intégrer les immigrés réguliers à tous les programmes existants et d'assurer qu'ils aient accès aux services de santé, d'éducation et de formation professionnelle de la même façon que les Marocains et de porter assistance aux plus vulnérables. La nouvelle stratégie se veut inclusive, intégratrice des immigrés dans la société et l'économie nationale en dépit du fait «qu'à court terme aucun signal ne nous indique des besoins en main d'œuvre immigrée dans l'économie nationale», reconnaît Othman El Yaalaoui. Cette stratégie s'appliquera, en principe, aux immigrés réguliers, soit, pour l'heure, aux 5742 nouveaux résidents étrangers régularisés depuis le début d'année, et aux 546 réfugiés reconnus par le Maroc depuis septembre dernier qui s'ajoutent aux 77 554 étrangers résidant déjà régulièrement au Maroc en 2013. «17 757 demandes de régularisation ont été déposées à ce jour dont 27% par des Sénégalais. 5742 ont été acceptées», a laconiquement indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Ce nombre devrait rapidement augmenter de près de 2500 régularisations puisque le 23 juillet, la commission de recours a décidé de régulariser automatiquement toutes les femmes migrantes et leurs enfants. Beaucoup de refus Plus de la moitié des hommes se sont cependant vus refuser une carte de séjour, alors même que tous les migrants irréguliers n'ont pas déposé de demande. «Pourquoi n'a-t-on pas enregistré un nombre de régularisation supérieur ? Parce que les gens ne se sont pas présentés aux bureaux et il faut se demander pourquoi», interroge Anis Birou, le ministre des MRE et des Affaires de la migration, sans aller plus loin. En plus de tous les migrants qui ne seront pas régularisés, 2 800 demandeurs d'asile ne savent pas s'ils pourront bénéficier un jour de la protection du statut de réfugié offert par le Maroc puisque le Bureau des réfugiés et des apatrides a cessé d'étudier les nouveaux cas qui se présentent au HCR. Impasse sur les violences Surtout, cette stratégie nationale sur l'Immigration et l'asile, même si elle souligne la nécessité de respecter les droits de l'Homme fait l'impasse sur les violences subies par les migrants irréguliers subsahariens dans le nord du pays. A «Boukhalef, la tension est encore forte et il faudrait peu de chose pour que de nouvelles violences éclatent», estime Camille Denis, membre du Groupement associatif de défense des droits des migrants (Gadem). Au nord, les arrestations liées aux tentatives de passages de la frontière des enclaves espagnoles sont aussi plus violentes qu'en 2013. Les arrestations massives qui ont cessé dans le reste du pays y ont encore cours. «Les forces de l'ordre continuent à les embarquer dans des bus. Ils ne les emmènent plus majoritairement à Rabat comme précédemment», a remarqué Chloé Fouzi, membre de Caritas à Rabat, mais les dispersent à Kenitra, Fès, Oujda … loin des yeux de la presse et des principales associations.