Abdelilah Benkirane est appelé à signer l'acte d'extradition vers le Caire, d'un ressortissant égyptien, de surcroît membre des Frères musulmans. Une décision dûment validée par la cour suprême de Rabat. L'ONG suisse, Al Karama, a sollicité une intervention urgente du comité des Nations-Unies contre la torture afin d'empêcher le Maroc d'extrader un membre des Frères musulmans, actuellement en détention au royaume, que le Caire réclame. Le ressortissant égyptien, Sayed Omar Salem, est emprisonné depuis février dernier alors qu'il y effectuait un déplacement dans le cadre de sa participation la Foire du livre de Casablanca en sa qualité de directeur d'une maison d'édition. La cour suprême a autorisé l'extradition Une interpellation qui faisait suite à un mandat d'arrêt international émis par l'Egypte contre Salem. Les autorités de son pays l'accusent d'implication dans les manifestations du 13 août 2013. Celles-ci étaient organisées par les Frères musulmans en réaction à la destitution par l'armée du président Mohamed Morsi. L'association Al Karama affirme, dans un communiqué, que Omar Salem a exprimé à la police marocaine sa surprise de telles accusations, arguant qu'il avait quitté l'aéroport du Caire à destination de Casablanca sans le moindre problème. Par ailleurs, l'ONG suisse, créée en 2004, annonce que la cour suprême de Rabat a effectivement répondu, le 11 juin dernier, favorablement à la demande d'extradition formulée par le gouvernement égyptien. Un verdict qui n'a pas pris en compte les craintes du mis en cause concernant de probable tortures dans son pays, comme ceux subis sous l'ère de l'ancien président Hosni Moubarak. La balle est dans le camp de Benkirane Le sort de Sayed Omar Salem est désormais entre les mains du chef du gouvernement. C'est Abdelilah Benkirane qui est habilité à signer l'acte d'extradition de l'Egyptien. Le fera-t-il ? La proximité idéologique entre le PJDiste et les Frères musulmans est connue. Le PJD est d'ailleurs engagé aux côtés d'Annahda en Tunisie et l'AKP en Turquie, dans une campagne internationale contre le président Abdelfattah Al Sissi. De même, à l'occasion de la tenue d'un meeting politique organisé par la jeunesse de la Lampe à Casablanca, à l'été 2013, Benkirane avait arboré fièrement devant les photographes, une main au pouce replié et quatre doigts levés, symbole de la Place Rabaa au Caire. Le chef de l'exécutif est aujourd'hui dans une situation très délicate. Il devra trancher entre ses convictions personnelles et la solidarité partisane d'un côté, et de l'autre les exigences de la raison d'Etat. Pour paraphraser le Duc de Lévis : gouverner, c'est aussi choisir.