Le salafiste Omar Haddouchi est dans le viseur de l'Etat islamique en Irak et au Levant. Le groupe jihadiste a mis, également, dans le même panier la très grande majorité des têtes d'affiche de l'islamisme au Maroc. L'organisation condamne leurs oppositions au jihad en Syrie. Détails. Les dommages collatéraux des attaques de l'EIIL en Irak ont, visiblement, atteint le Maroc. L'organisation vient de diffuser une vidéo qui résonne comme un sévère réquisitoire contre le salafiste Omar Haddouchi, très connu pour son hostilité au jihad en Syrie. Une position exprimée, pour la première fois en novembre 2013, quelques jours après le départ de son gendre vers le front syrien. Celle-ci avait suscité une levée de bouclier chez certains jeunes islamistes radicaux qui n'avaient pas hésité à déclarer l'ancien détenu, condamné à vingt ans de prison pour son implication dans les attentats du 16 mai 2003 et gracié en février 2012, apostat. Une sentence qui n'a semble-t-il eu aucune incidence sur ses convictions puisqu'il défend toujours la même opinion Haddouchi n'est pas le seul dans le viseur de l'EIIL En guise de preuve, l'enregistrement de l'Etat islamique en Irak et au Levant cite des commentaires du salafiste sur les réseaux sociaux et ses interventions sur le net. L'organisation jihadiste s'est également chargée de faire une revue de presse papier et électronique pour reprendre les articles citant les propos de Haddouchi contre le jihad. Même si la vidéo est consacrée essentiellement au cheikh Omar Haddouchi, ses auteurs se sont permis, au passage, de mettre dans le même panier la majorité des figures de la mosaïque islamiste au Maroc : Abdessalam Yassine, le fondateur de l'association Al Adl wal Ihassane, le chef du gouvernement et secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid. La liste de l'EIIL comprend également des compagnons de prison de Haddouchi : Hassan Kettani et Abdelouahab Rifki, alias Abou Hafs, qui s'est depuis converti à la politique en devenant secrétaire général adjoint du parti Renaissance et vertus. Les extrémistes de l'EIIL dénoncent, également, les positions politiques d'El Haddouchi. Elle lui reproche notamment son appel aux électeurs tunisiens à voter, lors des élections législatives de novembre 2011, en faveur du parti Annahda de Rached El Ghannouchi. Ses affinités avec quelques partisans de l'Egyptien Abdelfattah Al Sissi, auteur de la destitution de l'ancien président et leader des Frères musulmans, Mohamed Morsi sont aussi pointées du doigt. Le grand absent de la liste de l'EIIL est, incontestablement, Mohamed El Fizazi. Et pourtant l'actuel imam de la mosquée Tarik ben Zyad à Tanger était le premier, avant même El Haddouchi, à s'inscrire en faux contre la fameuse fatwa d'oulémas sunnites, réunis au Caire du temps de présidence de Morsi, appelant les musulmans au jihad en Syrie.