Terminée la parenthèse des manifestations pro-Morsi et des tee-shirts jaunes arborant une main au pouce replié et quatre doigts levés, symbole de la Place Rabaa au Caire, portés fièrement par des jeunes du PJD. Benkirane tente de reprendre les choses en main et tend la main à l'Arabie saoudite en déclarant que sa formation n'est nullement l'antenne locale des Frères musulmans. Des propos qui apporteront de l'eau au moulin de certaines analyses avançant que l'éviction de Saâdeddine El Othmani du ministère des Affaires étrangères serait la conséquence d'une pression de Riyad. Le chef de gouvernement courtise l'Arabie saoudite. Dimanche, il accorde une interview à la chaine Al Majd. Une TV très conservatrice spécialisée, notamment, dans le Coran et les émissions religieuses, faisant l'apologie de la doctrine wahhabite. Qu'à cela ne tienne ! Abdelilah Benkirane avait besoin de communiquer, indirectement, avec les dirigeants de Riyad. Les «frères» saoudiens sont en colère contre la position hostile du PJD à la destitution, par un coup d'Etat militaire, du président égyptien Mohamed Morsi. "Le PJD n'a aucun lien avec les Frères musulmans" En vue d'améliorer ses relations avec l'Arabie saoudite, Benkirane a tenu à rassurer les dirigeants du royaume que son parti n'est pas l'antenne marocaine de l'organisation des Frères musulmans. «Nous n'avons de liens avec aucune partie étrangère», précise le secrétaire général du parti de la Lampe. Le journaliste l'interrompe pour évoquer la confrérie fondée par l'Egyptien Hassan El Benna en 1927. «Je n'ai nullement besoin de le nier, c'est un fait réel connu à l'intérieur du Maroc comme à l'extérieur. Mais ceci, ne nous empêche pas d'être en bons termes avec les musulmans du monde mais également avec les non-musulmans». Benkirane a tenu à préciser que la genèse du PJD est «spéciale» par rapport aux autres expériences du même modèle. Et surtout «inhérente à notre environnement». «Le PJD n'est pas un parti islamique» Quand Saâdeddine El Othmani, alors secrétaire général du PJD, répétait avant et au lendemain, des élections législatives de 2007 que la Lampe n'est pas un parti de «centre» et nullement «une formation islamiste», l'aile conservatrice conduite par Benkirane, soutenue par le MUR, était montée au créneau. Il est donc pour le moins surprenant de voir Benkirane adopter la même approche. «J'aimerais apporter une petite précision, nous ne nous considérons pas comme un parti islamiste mais de référentiel islamiste. Aujourd'hui, il est inconcevable voire même illogique d'avancer que nous sommes une formation islamiste et que d'autres formations ne le sont pas alors que la nouvelle constitution du Maroc insiste sur le fait que l'Islam est la religion de l'Etat», souligne Benkirane. «Nous sommes un parti politique au même titre que les autres», conclut-il. L'an dernier, Benkirane passait son premier congé, en tant que chef de gouvernement, en Arabie saoudite. Honoré par ses hôtes, il a eu même le privilège de s'entretenir avec le roi Abdellah. D'habitude, seuls les présidents et les monarques étrangers ont cette opportunité. C'était l'époque de la lune de miel entre le PJD et Riyad.