Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement du Maroc, s'est mis dans une situation délicate dans un contexte de forte polarisation dans le monde arabe entre partisans et adversaires des Frères musulmans en Egypte. Lors d'un meeting des jeunes de son parti tenu à Casablanca le 25 Août, Benkirane est apparu en train de brandir le symbole de «Rabaa Adaweya », qui est celui des partisans des « Frères musulmans » qui ont été évacués par la force de la place du même nom, au Caire. On peut lire dans le mouvement de main de Benkirane l'affirmation d'une position politique, qui pourrait mettre le gouvernement dans l'embarras avec ses interlocuteurs dans les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, deux pays qui ont applaudi ouvertement le régime actuel en Egypte, soutenant ainsi le coup d'Etat du 3 juillet qui a renversé le président Morsi. Il est difficile de comprendre le geste de la main de Benkirane au moment où la position officielle de son gouvernement et de son ministère des Affaires étrangères, dirigé par un ministre de son parti, appuient le nouveau régime d'Egypte. Cependant, Benkirane se trouve dans une position délicate, entre les obligations de la politique étrangère du Maroc déterminée par le roi, et les positions de son parti, y compris sa jeunesse et son bras prédicateur, le « mouvement de l'unité et de la réforme », qui soutiennent les frères musulmans. Les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït, avaient rapidement apporté un appui financier au Maroc suite au mouvement populaire de protestation que la région a connu voici plus de deux ans. En effet, les monarchies du golfe ont voulu porter secours aux autres monarchies menacées par le «printemps arabe» qui a amené les islamistes au pouvoir. En brandissant le symbole de « Rabaa Adaweya », Benkirane prend le risque de devenir persona non grata dans ces pays qui apportent un soutien économique au Maroc.