A Washington, le chef du gouvernement a tenté de donner l'image d'un islamiste tolérant, n'entretenant aucune relation avec les Frères musulmans et acceptant, à son corps défendant, la destitution du président, démocratiquement élu, Mohamed Morsi, par les militaires. Benkirane a également reconnu que les juifs étaient installés au Maroc depuis 2000 ans contre 14 siècles pour les musulmans. C'est un Abdelilah Benkirane complètement nouveau qui est apparu sur la chaîne américaine arabophone Al Hurra. Le chef du gouvernement a revu certaines de ses vieilles opinions et convictions, notamment sur la situation politique en Egypte. Egypte : Benkirane se conforme à la ligne adoptée par le Palais. Il semblerait que leader du PJD ait changé son fusil d'épaule concernant la destitution, le 3 juillet 2013, de Mohamed Morsi par les militaires égyptien. L'image de Benkirane, lors un meeting politique de la jeunesse de son parti tenu le 25 août à Casablanca, arborant fièrement une main au pouce replié et quatre doigts levés, symbole de la Place Rabaâ au Caire, haut lieu de la contestation des Frères musulmans, n'a plus droit de cité. Face à un média américain, résolument anti-islamiste, le PJDiste se devait d'adopter un nouveau discours. Ce dernier a même refusé de faire une évaluation des mois au pouvoir des Frères musulmans. Il n'a pas, non plus, souhaité donner de conseils aux partisans de Morsi, se contentant de dire que «c'est une étape terminée (…) je ne veux pas aborder ce sujet». Benkirane, visiblement, embarrassé par la sensibilité du thème, a eu recours à la langue de bois pour éviter de tomber dans le piège que lui a tendu le journaliste d'Al Hurra. Il s'est contenté de souhaiter que l'Egypte puisse dépasser sa crise «pour le bien de tous ses fils». «Les juifs sont au Maroc depuis 2000 ans» Le chef de l'exécutif a saisi l'occasion de cette interview pour réitérer que son parti, le PJD, n'est pas une émanation des Frères musulmans, revendiquant l'indépendance totale de sa formation de toutes les influences islamistes en provenance du Moyen-Orient. Le Benkirane d'Al Hurra a également tenu à véhiculer de lui une image d'homme politique très tolérant vis-à-vis des Marocains de confession juive. Le chef du gouvernement a ainsi déclaré que les «juifs sont au Maroc depuis 2000 ans contre 14 siècles pour les musulmans». C'est peu fréquent, voire même rarissime, de tomber sur une intervention du secrétaire général du PJD où il adopte de tels propos. Il a rappelé, au passage, que les juifs expulsés d'Espagne avaient trouvé refuge au Maroc. Sur sa relation avec les membres de cette communauté, Benkirane a affirmé qu' «elle est très bonne. Ce sont des citoyens marocains». L'entretien du chef du gouvernement à Al Hurra n'est pas sans rappeler celui accordé, fin octobre 2013, au quotidien saoudien Achark Al Awsat. Les deux sont des opérations de séductions destinées à des parties bien précises.