Le Maroc et l'Algérie vivent à l'heure des joutes verbales. Après la rapide réaction de Ramtane Lamamra au discours du trône de Mohammed VI, Salaheddine Mezouar se devait de répliquer. C'est désormais chose faite. Détails. La guerre médiatique entre le Maroc et l'Algérie, se poursuit sans relâche. Dans un entretien accordé au quotidien saoudien Achark Al Awsat, basé à Londres, le ministre des Affaires étrangères accuse, ouvertement, les autorités du voisin de l'Est d'être responsables de «crimes de guerre affligés aux détenus militaires marocains». Pour Salaheddine Mezouar, Alger de par «ses attitudes, ses prises de position et son comportement depuis le déclenchement de l'affaire du Sahara marocain, ont fait bel et bien d'elle le principale protagoniste dans ce différend régional». Une position que le ministre a déjà exprimée, le 10 juillet, lors de la réunion conjointe des deux commissions des Affaires étrangères des Chambres haute et basse du parlement marocain. «L'Algérie doit cesser cette ambivalence» Se voulant très persuasif, le ministre s'est débarrassé des règles de la bienséance diplomatique pour adopter un style plus offensif. Mezouar a énoncé une série de faits historiques attestant le fort engagement de l'Etat algérien dans le conflit du Sahara occidental. En voici un échantillon : « Qui a fait la guerre au Maroc à Amghala en 1976 ? C'est bien l'Algérie. Qui a parrainé la création, en 1976, d'une pseudo-République et s'est mobilisé diplomatiquement pour assurer sa reconnaissance ? C'est bien l'Algérie. À l'ONU, comme au sein des autres organisations internationales et régionales, qui, à part l'Algérie, négocie avec le Maroc les résolutions concernant le Sahara marocain ? Qui fournit une assistance financière, militaire et logistique généreuse et soutenue au Polisario ? L'Algérie bien évidemment». «L'Algérie devrait cesser de prendre ses fantasmes pour des réalités» Le style de Mezouar s'inscrit en totale rupture avec celui prôné par son prédécesseur, Saâdeddine El Othmani. Vis-à-vis de l'Algérie, le PJdiste, durant ses vingt-mois à la tête de la diplomatie marocaine, a toujours tenu un discours très modéré, évitant d'évoquer les sujets qui fâchent ses interlocuteurs algériens, à savoir : le Sahara et la fermeture des frontières terrestres. L'entretien accordé à Achark Al Awsat a également permis au président du RNI de revenir sur les derniers propos de Ramtane Lamamra. Celui-ci a, en effet, conditionné la normalisation des relations maroco-algériennes par un règlement de la question du Sahara. Rejetant cette sempiternelle condition, Salaheddine Mezouar a souligné qu'Alger «devrait comprendre que l'exercice du Maroc de sa souveraineté sur son Sahara est irréversible». Et en guise de conclusion il a fini par déplorer «cette énergie perdue, ces sommes d'argent dilapidées et cette construction maghrébine retardée».