En France, une nouvelle cacophonie risque d'avoir lieu sur la date du début du ramadan. D'un coté, le CFCM a annoncé l'organisation d'une nuit de doute le 27 juin prochain «afin de préserver l'unité des musulmans de France». De l'autre, l'UOIF et les mosquées du sud-ouest ont opté pour le calcul scientifique pour fixer une date à l'avance. Les responsables du culte musulman en France sont, une fois de plus, partagés sur la date du début du ramadan. Malgré l'anticipation du Conseil français du culte musulman (CFCM) et de la Grande mosquée de Paris, qui ont annoncé au début du mois l'organisation d'une nuit de doute le 27 juin prochain, plusieurs autres associations du pays ont, d'ores et déjà, opté pour la méthode scientifique. Le CFCM observera la lune Dans un communiqué publié vendredi 30 mai dernier, le CFCM, principal organe représentatif des musulmans de France, a fait savoir qu'il organiserait le 27 juin prochain, à partir de 18h, à la Grande mosquée de Paris, une réunion d'observation, afin de fixer le début du mois sacré. «Afin de préserver l'unité des musulmans de France, le CFCM a décidé de maintenir les rencontres traditionnelles de la veille du début de Ramadhan et de la veille l'Aïd El Fitr qui continuent d'être organisées, comme à l'accoutumée, dans l'ensemble des mosquées de France. A l'issue de sa réunion traditionnelle à la veille du début et de la fin du Ramadhan, le CFCM confirmera d'une manière consensuelle et solennelle le début et la fin du mois sacré de Ramadhan», précise le conseil présidé par le Franco-Algérien Dalil Boubakeur. Le CFCM rappelle, toutefois, que «la mise en place d'une telle démarche nécessite une grande pédagogie et un très fort accompagnement de la communauté musulmane de la part du CFCM et des mosquées qui lui sont affiliées». Le problème, c'est que toutes les organisations musulmanes de l'Hexagone n'ont pas toutes la même vision des choses. L'UOIF penche pour la science L'Union des organisations islamiques de France (UOIF), une fédération qui regroupe à elle seule environ 250 associations musulmanes, est en effet d'un tout autre avis. Mardi, celle-ci a annoncé «la formation d'un conseil théologique et astronomique pour la détermination du mois de ramadan», un organe «indépendant, réunissant nombre de spécialistes des sciences islamiques et de l'astronomie». Le Conseil européen de la fatwa et de la recherche (CEFR) est «notre référence juridique», précise l'UOIF. Composé de plus de 30 savants «connus et reconnus dans le monde musulman et issus de plusieurs courants de pensée et écoles de jurisprudence islamique», le conseil a récemment pris la décision d'adopter le calcul scientifique. Pour l'UOIF donc, le premier jour du ramadan aura lieu le samedi 28 juin 2014 et Aïd al-Fitr le lundi 28 juillet 2014. «La dite décision prend en compte l'avis de la majorité des écoles juridiques adoptant la non-considération de la multiplicité des levants, avis aussi retenu par l'Académie Juridique Internationale de Jeddah», explique la fédération. Et d'ajouter : «Plusieurs institutions, mosquées et associations dans de nombreuses régions de France ont déjà suivi ce choix l'année passée, et ont manifesté leur souhait d'adopter ce même choix pour cette année». Le sud-ouest aussi Les mosquées du sud-ouest font partie de cette dernière catégorie. Celles-ci, réunies au sein du Conseil régional des associations islamiques du Sud-Ouest de la France (CRAISOF), ont également fixé la date du début du ramadan au 28 juin, s'alignant sur la position du CEFR. Selon Saphirnews.com, elles ont opté «une fois pour toute» pour le calcul scientifique. «Ce choix qui, en plus de sa conformité à l'esprit de la charia, reste le plus en phase avec la réalité des musulmans de France. Il est le seul moyen d'éviter les approximations, le suspens inutile et permet aux musulmans de France de mieux organiser leur culte dans une société qui a son propre rythme, et qui doit être pris en considération», soulignait le conseil dans un communiqué diffusé fin mai. Face à cette nouvelle divergence au sein des responsables musulmans de France, les musulmans du pays auront certainement du mal à se fixer, à l'instar de l'année dernière où le CFCM avait décidé dans un premier temps d'adopter le calcul astronomique avant de se rétracter à la dernière minute.