Bien qu'au gouvernement, le PJD n'a pas modifié sa position d'un iota vis-à-vis de ce qui se passe en Egypte. La raison d'Etat n'a pu altérer la relation des islamistes de la Lampe avec les Frères musulmans. Pour eux, la victoire de Abdelfattah Al-Sissi aux présidentielles du 26 mai est illégale. Le PJD s'est rallié aux membres de l'Organisation internationale des Frères musulmans pour rejeter l'élection d'Al-Sissi. Le 3 juin, le roi Mohammed VI adressait un message de félicitation au président Abdelfattah Al-Sissi, dans lequel le monarque a loué «les qualités de l'homme d'Etat chevronné et de leader avisé» de l'ex-maréchal. Le samedi, le ministre des Affaires étrangères marocain,assistait à la cérémonie d'investiture de l'homme fort en Egypte. Au cours d'une poignée de main, Salaheddine Mezouar a exprimé directement à Al-Sissi le ferme soutien du royaume. Durant son séjour au Caire, le chef de la diplomatie n'a pas tari d'éloges sur le nouveau président. Dans un entretien accordé à une chaîne de télé locale, il l'a d'ailleurs qualifié «d'homme de la situation». Mieux encore, Mezouar a même déclaré que le Maroc a appuyé dès le début, «la feuille de route» en Egypte. Une allusion à l'opération menée le 30 juin 2013 par l'armée qui avait conduit à la destitution de l'ancien président, Mohamed Morsi, issu des rangs des Frères musulmans. Le PJD prend ses distances de la position officielle Faisant fi de la position officielle du royaume sur la situation politique en Egypte, la direction du PJD a dépêché, le samedi 7 juin, Mohamed Yatim, un des compagnons de route de Benkirane, pour prendre part à une réunion des amis des Frères musulmans, tenue dans la capitale tunisienne et présidée par le chef du parti Ennhada, Rached Ghannouchi. Celle-ci a connu la participation du représentant des FM en Grande-Bretagne, indique un média arabe. Parallèlement à la rencontre de Tunis, Ankara et Londres ont accueilli des réunions similaires de formations politiques islamistes, à l'issue desquelles, les membres de l'organisation internationale des Frères musulmans -officiellement déclarés ou non comme c'est le cas du PJD-, ont tous rejeté l'élection de Abdelfattah Al-Sissi à la présidence de l'Egypte. Mohamed Yatim s'est également rallié à l'avertissement lancé à la «communauté internationale» de toute velléité de reconnaitre la victoire d'Al-Sissi. Une telle initiative «est illégale», selon les participants aux trois réunions. Force est de constater que le PJD est l'un des seuls partis islamistes encore au gouvernement, qui a pris part à ces rencontres. Le parti de la Lampe affiche une constance et une fidélité vis à vis de Mohamed Morsi et le respect du processus électoral. Nul doute que l'opposition y trouvera une occasion de l'attaquer sur la contradiction avec la position officielle du royaume.