C'est un exercice de style très délicat auquel a fait face, samedi, le secrétariat général du PJD. Tiraillé entre sa proximité idéologique avec les Frères musulmans en Egypte et les contraintes d'un parti qui dirige le gouvernement, sachant que le roi Mohammed VI a félicité, à deux reprises, les 5 et 23 juillet, le nouveau président par intérim, Adly Mansour, les frères de Benkirane se devaient de choisir. Finalement ce sont les obligations qui ont pris le dessus sur l'appartenance à la grande famille des enseignes islamistes. Après plus de trois semaines de silence, le secrétariat général du PJD exprime enfin une position sur ce qui se passe en Egypte. A l'issue de sa réunion du samedi, le SG du parti de la Lampe condamne l'assassinat, lundi 22 juillet, de plus d'une quarantaine de partisans du président déchu, Mohamed Morsi, devant le siège cairote de la garde républicaine. «C'est un crime contre l'humanité», accusent les frères de Benkirane. Et d'appeler «à traduire devant la justice les auteurs de ces crimes». La direction du PJD invite «les nouvelles autorités à assumer pleinement leur responsabilité» en vue de «trouver une issue convenable à la crise, basée sur le consensus national qui n'exclut aucune partie politique» et favorise «la poursuite de l'Etat démocratique». Ils ont également alerté des dangers de la rupture brutale du processus démocratique non pas seulement en Egypte mais sur l'ensemble de la région. Le PJD marche sur des œufs Parfaitement conscient de l'extrême sensibilité du sujet, les PJDistes ont tenu, dans leur communiqué, à ménager la chèvre et le chou. Pour des considérations maroco-marocaines, ils n'ont pas osé dénoncer, ouvertement comme ils auraient souhaité, le coup d'Etat du général Abdel Fattah El Sisi. En revanche ils ont trouvé la parade rhétorique pour souligner que les dernières évolutions en Egypte sont«une nouvelle épreuve pour la crédibilité de la conscience de la communauté internationale dans la défense des droits des peuples et des droits de l'Homme». Une manière subtile de renvoyer la balle du camp des islamistes vers celui de l'étranger et avec le minimum dedégâts. Sachant que le roi Mohammed VI a félicité, à deux reprises, les 5 et 23 juillet, le président par intérim, Adly Mansour : la première fois lors de sa nomination à la place de Mohamed Morsi et la deuxième à l'occasion d'une fête nationale, laquelle avait amené les militaires, par un putsch contre la monarchie, à la présidence de l'Etat en 1952. Deux messages qui constituent, de facto, une reconnaissance du palais du changement de pouvoir en Egypte. Le département d'El Otmani se fait du souci Si le secrétariat général du PJD a choisi de se focaliser sur les événements du lundi 22 juillet devant le siège de la garde républicaine, le ministère des Affaires étrangères a choisi d'autres dates. Dans un communiqué, le département de Saâdeddine El Otmani annonce que «le Royaume du Maroc suit avec une grande inquiétude et préoccupation les événements survenus, vendredi et samedi, en République égyptienne sœur, ayant fait un grand nombre de morts et de blessés». Et «présente ses condoléances à l'ensemble du peuple égyptien, réitère son appel à faire prévaloir l'intérêt national et à s'attacher aux valeurs du dialogue et de la démocratie et à déployer tous les efforts pour éviter qu'il y ait davantage de victimes».