Plusieurs familles habitant le quartier populaire de la Gravière, à Sainte-Foy-lès-Lyon, ont reçu des courriers anonymes contenant des textes et images islamophobes. Les victimes ont toutes un point commun. Elles portent un nom à consonance maghrébine. L'islamophobie vient de faire de nouvelles victimes. A Sainte-Foy-lès-Lyon, une commune huppée située au sud-ouest de Lyon, plusieurs familles portant un nom à consonance maghrébine ont reçu, autour du 18 avril, des courriers anonymes. Ces derniers, qui leur étaient directement adressés par La Poste, contenaient des dessins et des textes islamophobes, rapporte ce lundi, le site d'actualité français Rue89. Selon ce dernier, les familles ayant reçu le courrier en question habitent toutes La Gravière, l'un des rares quartiers populaires de la ville, constitué pour la moitié d'HLM. Six autres personnes résidant dans un autre quartier, situé avenue des Provinces, ont également reçu des lettres similaires. Au total, 32 familles sont concernées. Lutins et doigts d'honneur L'envoi de ces courriers à été orchestré «à la manière d'une opération commerciale». Ceux-ci ont, en effet, été expédiés «dans des enveloppes pré-timbrées, avec les adresses tapées à l'ordinateur», explique Rue89. Deux illustrations en format carte postale, l'une extraite du site islamophobe Riposte Laïque, l'autre, un dessin d'un lutin méchant en train de faire un doigt d'honneur, se trouvaient à l'intérieur, le contenu variant d'un courrier à l'autre. Les enveloppes contenaient également trois «textes imprimés au format A4 où les ' musulmans/immigrés/racailles/maghrébins' (selon les textes) sont accusés de tous les maux de la terre», précise-t-on. «Ce message s'adresse à vous… musulmans. On vous donne un toit, de la nourriture, de l'argent, on vous inscrit à l'école pour apprendre la langue (…) vous touchez plus d'indemnités que NOUS sans jamais ne rien faire !», écrivent les auteurs de ces courriers. «Ma France n'est pas plus jaune que grise, mais bien blanche», souligne-t-on dans un poème encore plus raciste adressé par les mêmes personnes. Insultant «Evidemment, j'ai trouvé ce courrier dégueulasse et insultant», a déclaré Abderahouf Ait-Abdelkader, un conducteur de locomotive qui habite la Gravière depuis 6 ans, interrogé par la même source. «Au départ, j'étais tellement sous le choc que je ne comptais pas en parler à ma femme. J'ai trois enfants. L'aîné a 10 ans. Je n'ai pas voulu qu'ils soient au courant. Je leur ai caché. J'ai peur qu'on s'en prenne à eux», ajoute-t-il. «Je n'ai jamais vu ça. Ça nous a profondément blessés. J'ai immédiatement pensé à mes enfants qui jouent dehors dans le parc. J'ai eu peur», a fait savoir Samir Mekkaoui une autre victime locataire d'un immeuble voisin. D'autres habitants du quartier craignent qu'elles ne fassent dorénavant l'objet d'agressions racistes. «C'est un quartier. On n'a jamais eu de problème. Mais depuis ces lettres, on fait davantage attention aux regards, aux bruits qui nous entourent», témoigne une voisine. Pour l'instant, seules quelques personnes ont porté plainte auprès de la police. Contactée par une habitante du quartier, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) a écrit au préfet, au procureur de la République et à la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon. La nouvelle maire, elle, prend également cette affaire «très au sérieux». «Je suis scandalisée et inquiète quant à la montée du racisme et de l'intolérance qu'ils révèlent. J'imagine l'état de détresse des personnes qui ont reçu ces courriers. C'est gravissime», a déclaré Véronique Sarselli (UMP). Et d'ajouter : «Pour l'instant nous n'en savons pas davantage. Je ne suis pas sûre que ce soit limité à des quartiers particuliers de Sainte-Foy, ni même à la commune de Sainte-Foy. Je souhaite l'ouverture d'une enquête. Avec la multiplication des plaintes déposées, la police a la matière».