Le Maroc sera présent au Festival de Cannes, du moins pour sensibiliser le public à la situation des mères célibataires. Le journaliste et documentariste espagnol Lorenzo Benitez est sur le point de boucler un documentaire sur la question afin de dénoncer, outre le «sexisme», le «rejet de la famille» et la «stigmatisation sociale» dont sont victimes ces femmes qui sont devenues mères sans passer par les liens du mariage. Le projet connait la participation de l'association tangéroise, 100% Mamans. Le prochain Festival de Cannes, prévu du 14 au 25 mai, connait une participation marocaine, mais d'une autre manière. En effet, Lorenzo Benitez, journaliste et documentariste andalou, va projeter un documentaire sur la situation des mères célibataires dans le royaume. Intitulé «Mères Invisibles», le film dénonce entre autres le «sexisme» de la société marocaine, «le rejet de la famille» et la «stigmatisation sociale» dont sont victimes ces femmes mères sans passer par le mariage. «Mères Invisibles» a été choisi par MIPDoc l'International Pitch, la foire la plus importante de documentaires du monde, parmi quelques 150 projets. C'est l'un des cinq projets qui ont été retenus pour le festival. Le MIPDoc est une compétition annuelle ouverte à tous les créateurs et producteurs recherchant des financements pour développer leurs projets de documentaires. Exposer un phénomène inconnu en Europe L'objectif du documentaire, qui est né il y a deux ans, est de montrer un phénomène social inconnu en Europe. «J'ai été impressionné par la solitude, le rejet de la famille et la stigmatisation sociale vécue par les mères célibataires» au Maroc, confie Benitez à Eldario. Ce dernier, qui a enseigné la production de documentaires à Tétouan à travers des projets de coopération, explique qu'il a pu, à partir de là, analyser les circonstances entourant la vie de ces femmes et «comprendre pourquoi il y a tant d'enfants abandonnés et de nombreux avortements clandestins» au Maroc. 100% Mamans recevra une partie du financement Le film raconte l'histoire de plusieurs mères célibataires telles que Hafida. Cette dernière a été obligée de fuir le domicile familial et va entreprendre le voyage de retour de Tanger à El Jadida. Ou celle du petit garçon, Safouan, qui ne connait toujours pas son grand-père. Il met aussi en exergue la vie de ces femmes dans les maisons d'accueil, les points de vue du personnel sanitaire, des juristes, des autorités et des collectifs de défense des droits des femmes. Par ailleurs, il évoque l'histoire de Claire, présidente de 100% Mamans, l'organisation qui aide à combattre le rejet social de ces femmes. 100% Mamans recevra même une partie du financement du film. Un psychiatre, un pédiatre ou un gynécologue, des personnages masculins engagés pour l'égalité au Maroc seront parmi les acteurs. Actuellement en pré-production, le documentaire sera prêt dans une dizaine de jours et a été finalisé à 70%. Les auteurs «cherchent actuellement des investisseurs grâce à la plateforme de financement participatif Verkami», qui permet de financer des projets originaux et créatifs. Diffusion sur les chaines TV ? Ils ont également pris contact avec des diffuseurs internationaux dont certains ont déjà manifesté leur intérêt pour la diffusion. En attendant de vendre le produit à des chaines tv, les auteurs estiment que le MIPDoc de Cannes est déjà «une très bonne vitrine» pour le film. Réaliser le film a été une lourde tâche. L'équipe, répartie entre Cadix et Séville indique avoir réalisé un grand travail de recherche avec ses collaborateurs en Turquie, Palestine, France et Allemagne. Le projet final va au-delà du documentaire traditionnel et propose un rapprochement à l'histoire de plusieurs supports, y compris la création d'un docuweb. Il s'agit d'une plate-forme en ligne qui va amplifier l'intrigue principale. C'est une nouvelle forme de narration qui se développe de plus en plus en Europe et explore de nouvelles voies dans la production de documentaires grâce à la combinaison de l'expression artistique, des formats d'affichage et des plates-formes. L'objectif principal est de faciliter l'interaction entre le film lui-même, ses acteurs et le public, soulignent les auteurs.