En l'espace de quelques jours, dix Marocains, travaillant dans le bâtiment, sont interpellés à Annaba en Algérie. L'ouvrier-peintre arrêté, le week-end dernier, à Tebessa est, désormais, accusé d' «atteinte aux symboles de l'Etat». Au Maroc, le gouvernement Benkirane regarde ailleurs. La chasse aux Marocains travaillant en Algérie monte d'un cran. Dans son édition du mardi, le quotidien Echourouk, fait état de l'arrestation de neuf ouvriers-peintres originaire du royaume chérifien, âgés entre 26 et 36 ans. Ils ont été déférés devant le procureur de la république à Annaba. Ils sont accusés pour la plupart d'entrée «illégale» sur le territoire algérien. Cette main d'œuvre démunie n'a pas les moyens financiers pour s'offrir un billet d'avion reliant Casablanca à Alger, du coup ils recourent aux passeurs opérant entre les frontières des deux pays. Nouvelle accusation contre le Marocain interpellé à Tebessa Dans un précédent article, nous avions indiqué l'arrestation d'un ressortissant marocain à Tebessa, soupçonné de prendre des photos d'une société des phosphates, selon le quotidien Echourouk. Mardi 29 avril, le même journal apportait une autre version des faits. Il serait désormais placé en détention provisoire par le procureur de la république à Annaba, pour «atteinte aux symboles de l'Etat». Une grave accusation. Echourouk ajoute que le mis en cause aurait «semé la confusion parmi les citoyens algériens», serait «impliqué dans l'atteinte aux symboles de l'Etat» et aurait «ridiculisé les services de la sûreté et l'institution de l'armée nationale populaire». Quant au groupe des neuf, le parquet n'a pas encore confectionné de graves accusations contre eux mais cela ne saurait tarder. Silence du gouvernement marocain Cette escalade de la part des autorités algériennes ne semble guère susciter de réaction de la part du gouvernement Benkirane jusqu'à présent. Le ministère des Affaires étrangères qui était rapide à convoquer l'ambassadeur algérien dans l'affaire du refoulement de réfugiés syriens vers le Maroc, observe un silence troublant. Et pourtant, ces interpellations ne sont pas récentes puisqu'elles ont commencé avant la campagne présidentielle. Mais cette fois-ci, ils ne sont plus seulement accusés de séjour illégal en Algérie mais pour «espionnage» ou «atteintes aux symboles de l'Etat». Le contexte politique tendu en Algérie est de toute évidence à l'origine de ces nouvelles accusations contre les ouvriers marocains qui affrontent une justice aux ordres sans aucun soutient de la part du Maroc.