Le Front des forces socialistes a dénoncé la persécution initiées contre deux de ses secrétaires nationaux et trois de ses militants. Le plus vieux parti d'opposition en Algérie est une fois encore dans le collimateur des autorités. Selon un communiqué du parti rendu public mercredi, cinq de ses militants à Ghardaïa (sud d'Alger) ont été convoqués par le Parquet près la Cour de Guelma (est d'Alger). Il s'agit de deux secrétaires nationaux ; à savoir Kamel Eddine Fekhar et Mohamed Djelmami ainsi que de Hamou Mesbah, Khoudir Djaadi et Ali Babeker Ali, responsables et militants du FFS à Ghardaïa. Ces militants ont été priés de se présenter dimanche 17 décembre devant le procureur. Tous les cinq sont accusés d' «atteinte à l'intérêt national et d'incitation à attroupement». Le FFS souligne que cette nouvelle convocation n'est qu' «une cabale judiciaire» entreprise dans le but de lui faire «abandonner le combat pour les droits de l'Homme» et de porter atteinte à sa «détermination à propager les idées démocratiques». Le parti déclare qu'il «dénonce cet interminable feuilleton de persécutions et de terreur judiciaire qui s'abat sur ses militants et met en garde le pouvoir sur les conséquences graves qui découleront de la poursuite de cette politique». Le FFS ajoute que les autorités algériennes aspirent de cette manière «non seulement à terroriser les militants, mais aussi à imposer le silence à la population de Ghardaïa ». Pour comprendre les faits, note le communiqué du FFS, il faut remonter au mois de mai 2005, où les mêmes militants avaient été appréhendés par la gendarmerie dans la petite ville de Kallat Bousbaâ (wilaya de Guelma) alors qu'ils rentraient à Ghardaïa en provenance de Annaba. La cause ? Selon les autorités, «ils étaient en possession de CD Rom dans l'intention de faire de la propagande, de nature à porter atteinte à l'intérêt national». En outre, le parti qui a décidé de boycotter les prochaines élections indique que « la stratégie » du pouvoir oscille entre la «répression» et le « chantage au chaos». Le FFS conclut son communiqué par un appel aux forces politiques et sociales pour qu'elles résistent et pour qu'elle continuent de militer pour «l'avènement de l'Etat de droit, seul garant des libertés individuelles et collectives». Ce n'est pas la première fois que des opposants algériens sont victimes de campagnes d'intimidation. Rappelons que des membres d'un autre parti d'opposition avaient fait l'objet de persécutions similaires. Il s'agit du Parti des travailleurs dont des membres avaient été interpellés en juin dernier. La secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, avait alors dénoncé cet acte de «provocation politique» lors d'une conférence de presse. Mme Hanoune avait également qualifié ces arrestations de «dérive très grave». Soulignant que «ces pratiques font fi de la loi organique sur les partis politiques qui prévoit que seuls les membres de la direction nationale d'une formation sont habilités à répondre aux questions de la justice ». En Algérie, ce genre de campagnes à l'encontre des opposants est monnaie courante surtout à l'approche d'événements politiques d'envergure comme le cas des prochaines élections sénatoriales. On se souvient par exemple que plusieurs militants du Mouvement démocratique et social (MDS) de feu Hachemi Cherif ainsi que du FFS avaient été interpellés puis arrêtés, lorsque le président algérien, Abdelaziz Bouteflika faisait campagne en faveur de la charte pour la réconciliation et la paix.