L'immigration irrégulière vers l'Europe devient une question très importante pour les pays au sud de la Méditerranée. Outre tous les efforts entrepris par le royaume, la Mauritanie, une voie d'entrée de ces migrants au Maroc, a décidé de mettre la main à la pâte, afin de freiner les mouvements depuis ses frontières. Alors que le Maroc est réputé pour jouer le gendarme de l'Europe pour lutter contre l'immigration irrégulière, celui-ci vient de recevoir l'aide de son voisin du sud. Les autorités mauritaniennes ont en effet commencé à prendre des mesures contre les immigrants irréguliers qui passent par leur frontière pour se rendre au Maroc, la plupart ayant pour but de rejoindre l'Espagne, rapporte l'agence de presse espagnole EFE, citant des sources officielles à Nouadhibou, capitale économique de Mauritanie, située à 55km de la localité la plus proche de la frontière avec le royaume chérifien. Des réseaux contrebandiers alimentent la traversée D'après les mêmes sources, le Maroc a récemment durci les conditions d'entrée sur son territoire avec notamment l'obligation pour les migrants de détenir une somme de 500 euros pour leur séjour. Mais cela a eu pour effet d'alimenter encore plus de trafic. Les contrebandiers y ont en effet trouvé un moyen de se faire de l'argent. Ainsi, ils octroient ces sommes aux immigrants qui devront, une fois arrivés sur le sol marocain, les retourner avec des intérêts. La frontière maroco-mauritanienne est la plus fréquentée par les migrants subsahariens qui visent l'Europe. Chaque semaine, selon les autorités mauritaniennes, environ 5 000 étrangers entre en Mauritanie et 3 000 en sortent, sans qu'on ne sache s'ils retournent ou non dans leurs pays d'origine. Avant que le Maroc n'exige les 500 euros, près de 40 Subsahariens passait la frontière chaque jour, indique la même source, soulignant qu'il s'agit majoritairement de Sénégalais et Maliens, lesquels n'ont pas besoin de visa pour entrer au Maroc. Mais il faut dire que dans ce genre d'opération, l'usage de faux passeports, donc de fausses identités, est souvent fréquent. Sanctions Pour lutter contre cette situation, les autorités mauritaniennes ont décidé d'appliquer un certain nombre de sanctions contre tous les contrebandiers qui alimentent la traversée des migrants. Mais pour l'instant, aucune précision n'a été donnée quant à la nature de ces sanctions. Il y a plusieurs années, les migrants tentaient beaucoup l'aventure espagnole via les côtes mauritaniennes. Mais, la coopération entre Madrid et Nouakchott a permis de lutter contre cette voie d'immigration irrégulière. De plus, les décès de migrants en plein océan étaient très importants. Du coup, le passage par le Maroc est devenu le choix privilégié de nombreux candidats à l'immigration vers l'Espagne. La pression migratoire que subissent les enclaves de Ceuta et Melilla depuis le début de cette année, affole beaucoup Madrid. Entre mille et une demandes, le gouvernement Rajoy n'a pas cessé de réclamer le soutien du Maroc, qu'il a d'ailleurs toujours acclamé et reconnu, d'autant plus que Rabat ne ménage pas ses efforts. Les autorités chérifiennes auraient cependant réclamé plus d'argent aux Espagnols contre la réadmission systématique des immigrants que Madrid désire tant. Il n'a pas été révélé si l'action mauritanienne est la réponse à une demande de l'UE ou du Maroc, mais cela ne serait pas étonnant. D'autant plus qu'en 2010 déjà, Nouakchott et Rabat jouaient les gendarmes pour l'Europe, comme l'avait révélé un rapport de la Cimade.