Alors que Cairn Energy et Genel Energy viennent d'annoncer l'arrêt des forages au large de Tarfaya pour cause de recherches infructueuses, les autorités des Canaries s'en réjouissent. Elles exhortent la compagnie Repsol qui devrait bientôt entamer ses opérations dans les eaux canariennes, à faire de même. Le commissaire chargé du Développement de l'Autonomie et des Réformes institutionnelles des Canaries, Fernando Rios, se réjouit de l'échec des forages au large de Tarfaya. S'exprimant auprès de l'agence EFE ce mercredi 19 mars, il a jugé que c'est «une bonne nouvelle». Hier en effet, la compagnie anglaise Cairn Energy et son homologue turco-anglaise Genel Energy ont annoncé l'abandon des forages, alors qu'elles disaient avoir découvert du «pétrole lourd, difficilement exploitable» dans le forage Juby Maritime-1 (JM1), après avoir atteint une profondeur de puits de 3 711 mètres. Ces compagnies s'y étaient pourtant lancées avec beaucoup d'optimisme. Cairn était même allée jusqu'à chiffrer à 70 millions de barils le potentiel pétrolier contenu dans les eaux marocaines. Il a fallu que l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) intervienne via un démenti, avant que Cairn ne le confirme. D'après Fernando Rios, l'échec des forages au large de Tarfaya ne fait qu'entériner les résultats d'explorations réalisées en 1968, lesquels étaient déjà négatifs. Le «mensonge» pour spéculer Même écho sur l'île de Fuerteventura. Son président, Mario Cabrera, estime que les premières annonces de Cairn et Genel - qu'il qualifie de «mensonges» - n'avaient qu'un but spéculatif. «Ce genre de nouvelles découvertes présumées de pétrole reviennent souvent à des périodes précises et sont utilisées pour spéculer sur le marché boursier et faire monter le cours des actions des sociétés concernées», a-t-il déclaré. Pour lui, l'échec des forages au Maroc fermera la bouche à tous ceux qui défendaient l'exploration pétrolière dans les eaux séparant le Maroc des Canaries. Il fait ainsi allusion au Parti populaire (PP) qui soutient cette initiative dur comme fer, au moment où les responsables de l'archipel craignaient un impact négatif sur le tourisme local. Repsol appelé à «imiter» les compagnies engagées au Maroc Pour eux en effet, exploration pétrolière rime avec pollution. Et puisque l'économie des Canaries est de très loin portée par son secteur touristique, les autorités locales s'étaient opposées aux forages. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'avant le démarrage des activités de Cairn et Genel, elles avaient demandé des garanties environnementales au Maroc. Suite aux publications flatteuses des compagnies sous contrat avec l'OHNYM, l'espagnole Repsol s'apprête elle-aussi à lancer ses activités de forage aux larges des Canaries. Mais, Fernando Rios et Mario Cabrera l'appelle à «imiter» Cairn et Genel en abandonnant ce projet. Depuis quelques années maintenant, les annonces sur le potentiel pétrolier du royaume chérifien n'en finissent pas. Et même si elles se soldent toujours par des échecs, cela n'empêche pas les compagnies étrangères de se bousculer à chaque nouvelle publication. Mais heureusement que Rabat a retenu les leçons de l'affaire Talsint et préfère désormais attendrait du concret avant de s'enthousiasmer.