Après l'échec de François Hollande d'apaiser les tensions franco-marocaines, c'est désormais au tour du chef de la diplomatie française d'assumer le rôle de sapeur-pompier. Durant les derniers jours, Fabius a multiplié les interventions médiatiques sur la crise diplomatique avec le Maroc. Aujourd'hui, le ministre parle, pour la première fois, de «dysfonctionnements» dans la notification de la convocation de Hammouchi par un juge d'instruction français. Dix jours après l'éclatement de la crise entre le Maroc et la France, Laurent Fabius tente, une nouvelle fois, d'apaiser la colère des officiels à Rabat. Aujourd'hui, dans des déclarations à la presse, le ministre des Affaires étrangères, bien qu'il ait insisté sur l' «indépendance» de la justice en France, a tenu à prendre ses distances avec la manière «cavalière», comme l'avait qualifiée un communiqué du département de Mezouar, avec laquelle la police française a agi dans l'affaire Hammouchi. La convocation déposée par six policiers au domicile de l'ambassadeur du royaume à Paris avait suscité l'ire des responsables marocains. Fabius reconnait des «dysfonctionnements» Le chef de la diplomatie française a reconnu qu' «il y a eu des dysfonctionnements (...) dans la façon dont les choses ont été ordonnancées». «Il aurait fallu prévenir les intéressés (Hammouchi et l'ambassadeur du Maroc, ndlr) et les choses auraient dû se faire d'une manière plus diplomatique» selon le ministre français. C'est la première fois que Laurent Fabius évoque les lacunes ayant émaillé la notification au patron de la DGST d'une plainte déposée par une association française pour «torture» et «complicité de torture». Le socialiste dit espérer «que tout cela va s'apaiser (…) Nous devons trouver des solutions pour éviter ce genre d'incidents, nous y travaillons avec mon collègue marocain». Ramid ne croit pas à l'indépendance de la justice française Il y a deux jours, Mustapha Ramid avait justifié sa «décision» de suspendre l'exécution des accords et conventions de coopération judiciaire avec la France pour éviter de voir d'autres affaires similaires au cas Abdellatif Hammouchi se reproduire. Il a en effet évoqué ses craintes de voir des responsables marocains subir le même sort à chaque voyage en France. Le PJDiste est même allé jusqu'à remettre en question l'indépendance du troisième pouvoir en France. «S'il est réellement indépendant comme disent les Français alors il doit agir et appliquer le même principe avec Donald Rumsfeld, l'ancien ministre américain de la Défense, et ses semblables qui ont assassiné des nations».