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Maroc/France : Présidents de gauche, synonymes de tension diplomatique pour le royaume
Publié dans Yabiladi le 24 - 02 - 2014

Les relations entre le Maroc et la France traversent une nouvelle et mauvaise passe. Il faut dire que le passage d'un président de gauche au palais de l'Elysée semble toujours avoir un effet néfaste sur les rapports franco-marocains. Hier c'était Hassan II avec Mitterrand et aujourd'hui c'est Mohammed VI avec Hollande.
La crise actuelle entre la France et le Maroc n'est pas sans rappeler celle de 1990, au lendemain de la publication du livre «Notre ami le roi» de Gilles Perrault. Même si aujourd'hui les tensions n'ont pas encore atteint le même stade, elles vont sans doute elles aussi marquer l'histoire des relations entre Rabat et Paris.
En tout cas le scénario est tout à fait comparable à celui de 1990. Il faut en effet se rappeler qu'avant que la crise diplomatique n'éclate, il y avait eu toute une série de faits l'annonçant. Le royaume n'avait pas eu besoin d'attendre la sortie du livre de Perrault, pour être contrarié par l'arrivée des socialistes au palais de l'Elysée. Il faut en effet se rappeler que le candidat favori du palais royal aux présidentielles de 1981 n'était pas François Mitterrand mais son opposant de centre-droit Giscard d'Estaing, grand ami de Hassan II.
1981-2012, l'Histoire se répète
En 2012, les acteurs avaient certes changé de part et d'autres mais on retrouvait les mêmes éléments qu'en 1981. Comme 31 ans auparavant, les élections présidentielles ont porté le candidat du PS à la tête de la République française contre le président sortant de droite. Et là encore le cœur de Rabat penchait à droite en faveur de Nicolas Sarkozy au détriment de François Hollande.
Et les deux victoires de la gauche ont nettement refroidi les relations entre le Maroc et la France. Les visites de Mitterrand au Maroc, en janvier 1983, et celle de Hollande, en avril 2013, n'avaient guère contribué à un retour de la normale, du moins un retour aux relations existantes avant l'arrivée des socialistes au pouvoir.
Entre Hassan II et Mitterrand la brouille relevait du secret de Polichinelle. Les deux hommes s'étaient par exemple affrontés de manière frontale lors du sommet de la francophonie de La Baule en juin 1990. Chacun d'eux avait exposé une vision diamétralement opposée sur la démocratisation de l'Afrique. Alors que Mitterrand voulait conditionner l'aide au pays africains à des critères démocratiques, Hassan II ne s'était pas fait prier pour rétorquer que l'Occident devrait aider l'Afrique «à s'épanouir sans lui mettre un couteau sous la gorge».
Jusqu'à présent les divergences entre Mohammed VI et François Hollande, n'ont pas encore tourné à l'affrontement direct entre les deux chefs de l'Etat. Toutefois, les différends existent. Si on prend l'exemple du dossier du Sahara, le gouvernement français, quelques jours après l'accueil chaleureux réservé à Hollande à Casablanca, s'était montré très réticent à soutenir le royaume dans son combat contre le projet de résolution américaine prévoyant un élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental.
La France sera-t-elle sanctionnée ?
Au lendemain de la publication, à l'automne 1990, du livre «Notre ami le roi», Hassan II s'était tourné vers l'Italie, ouvrant le Maroc aux investisseurs transalpins. Une initiative, il faut le dire, qui ne s'était pas soldée par très un grand succès. En effet, le contexte économique de l'époque n'accordait guère de chance aux petits pays de sanctionner les grands de ce monde. Actuellement, les choses ont changé. La perte d'un contrat pourrait se traduire par une hausse du nombre de chômeurs en Europe et aux Etats-Unis. Sur ce point, le Maroc a peut-être une opportunité à saisir.
En attendant de telle réaction, Rabat vient d'adresser un autre avertissement à Paris. La conférence, prévue cette après-midi de Nicolas Hulot à l'Université internationale de Rabat a été reportée à une date ultérieure. Le célèbre présentateur TV et écologiste, envoyé spécial du président français pour la planète, devait animer une conférence sur «La protection de la planète: un enjeu universel», au lendemain de son déplacement pour le même thème en Algérie.


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