Les rapports entretenus par le Maroc avec les socialistes français ont souvent été marqués du sceau de la crispation, notamment sous l'ère Mitterrand. Ces dernières années, la perception du Royaume chez nombre de responsables français a changé en mieux. Les relations du Maroc avec la gauche en France n'ont pas toujours été des plus franches. L'arrivée en 1981 de François Mitterrand à la tête de la République marque un tournant dans les rapports entre les deux pays. De détendus et cordiaux sous Giscard d'Estaing, ils deviennent crispés et tendus avec son successeur socialiste. Les signes de crispation n'ont pas manqué, qui ont mis en évidence une foule de malentendus entre le Roi feu Hassan II et le nouveau hôte de l'Élysée. Deux hommes d'État de grande stature, férus de politique et amateurs d'intrigues. Le point d'orgue de cette brouille aura été sans conteste le livre de Gilles Pérault “ Notre ami le Roi“ qui a directement pris à partie la personnalité de feu Hassan II en le décrivant sous des traits pour le moins disgracieux. L'affaire, qui a fait grand bruit aussi bien au Maroc qu'en France, a contribué à jeter un froid glacial sur des relations déjà loin d'être au beau fixe. Un autre épisode non moins fâcheux est venu contribuer à la dégradation: l'épouse du président français Danielle Mitterrand, en sa qualité de présidente de la Fondation France-Liberté, départie de la neutralité d'une épouse de chef d'Etat en prenant ouvertement fait et cause pour le Polisario et contre l'intégrité teritoriale du Maroc au point de susciter le courroux et les protestations des responsables marocains. L'épouse morganatique, selon l'expression de feu Hassan II, a trouvé le moyen de distiller son fiel sans jamais, malgré ses gesticulations récurrentes, réussir à mettre les pieds au Maroc où elle était déclarée personae non grata. Tous les ingrédients d'une crise ouverte étaient réunis sans que cela aboutisse pour autant à la rupture. C'était en fait des relations passionnelles entretenues par deux chefs d'État qui entretenaient une relation trés ambigüe. Au plus fort de la tension, le Maroc est resté pour la France un partenaire privilégié compte tenu des liens historiques, culturels, voire affectifs qui unissent les deux pays. Il fallait attendre l'avènement en 1997 d'un ami personnel de Hassan II, qui n'est autre que Jacques Chirac, à la tête de la République française pour que les relations bilatérales se réchauffent pour de bon. Cerise sur le gâteau, les gouvernements en place à Rabat et Paris sont dirigés par des socialistes, Abderrahmane Youssoufi et Lionel Jospin. Un facteur qui ne pouvait que contribuer à dissiper tous les malentendus et à inaugurer une nouvelle ère dans la coopération multiforme entre les deux parties. Pour mieux se connaître mutuellement, les manifestations de l'année du Maroc, plusieurs fois reportées à cause justement des brouilles maroco -françaises, ont été organisées finalement en France en 1999. Une opération de communication de grande envergure qui a enregistré un succès remarquable. Deux pays, qui après avoir traversé une période de crispation, vibrent de nouveau à l'unisson avec une chaleur exceptionnelle imprimée à leurs relations. Et puis, le Maroc, sous la conduite de S.M Mohammed VI, est mieux perçu par les responsables français. Aujourd'hui, les regards des Marocains sont tournés vers la France, à l'occasion des élections présidentielles. Les deux poids lourds de la bataille électorale sont le président-sortant Jacques Chirac et le candidat challenger Lionel Jospin. Qui de l'un ou de l'autre vaincra ? En tout cas, le Maroc a appris aussi les vertus du réalisme et de l'objectivité. Il saura s'adapter au choix des français.