Les actes islamophobes en Belgique ont sensiblement augmenté ces dernières années. C'est ce qu'on pourrait tirer du rapport de Muslim's Rights Belgium, une organisation qui lutte contre les discriminations et milite pour le respect de la dignité humaine. MRB a recensé quelques 713 faits antimusulmans l'année dernière contre 576 témoignages en 2012. Ces actes, qui concernent essentiellement les secteurs de l'emploi et de la formation, sont particulièrement dirigés contre les jeunes musulmans et les femmes, mais ces derniers ne portent pas plainte pour plusieurs raisons. Explications. Les actes contre les musulmans ont connu une hausse en 2013, selon un rapport de Muslim's Rights Belgium. Cette organisation, fondée en 2012, réunit plusieurs autres associations ainsi que des acteurs sociaux indépendants dans le but de lutter contre les discriminations et pour le respect de la dignité humaine. Elle a recensé l'année dernière 713 faits antimusulmans contre 576 témoignages en 2012. Ces chiffres ne couvrent toutefois pas tous les actes antimusulmans qui se sont produits en Belgique. «Le rapport montrait clairement que les chiffres officiels sur l'islamophobie ne révèlent qu'une infime partie de l'ensemble des discriminations subies par les musulmans de Belgique». Ainsi, «pour faire la lumière sur la partie immergée de l'iceberg, une publication annuelle est désormais prévue par Muslims' Rights Belgium», fait savoir l'organisation. Les victimes ne portent pas plainte Les faits recensés en 2013 sont essentiellement dirigés contre les jeunes musulmans et les femmes, note-t-on dans le rapport. En effet, 70,5% des victimes sont des femmes contre 29,5% d'hommes. En outre, 15% sont des jeunes actifs âgés de 12 à 17 ans, 47% entre 18 et 29 ans, 36% entre 30 et 49 ans et 2% de plus de 50 ans. L'enquête met également en lumière les secteurs les plus affectés. Ainsi, près de 50% des faits islamophobes touchent la formation et l'emploi, 17% les offres de biens et services, 15% les relations privée, et 15% dans le milieu culturel et les médias. Selon le rapport, 86% des victimes n'entament aucune démarche suite aux discriminations «pour des raisons culturelle ou par manque de confiance dans les institutions». Moins de deux personnes discriminées sur dix, seulement, ont entrepris des démarches auprès du Centre pour l'égalité des chances ou de la justice, explique le rapport. La majorité des victimes sont jeunes et belges, indique l'enquête. Ce qui signifie que le racisme n'est pas que dirigé contre les musulmans d'origine étrangère mais aussi contre les Belges. Pour Fouad Benyekhlef, président des Musulmans progressistes de Belgique, qui s'est exprimé sur Le Soir, on assiste à un «glissement du racisme contre l'origine arabophone vers l'islamophobie, parce que beaucoup de personnes discriminées sont Belges et intégrées et d'autres converties, parce que les gens eux-mêmes s'identifient aujourd'hui à la religion». Méthodologie Muslims' Rights Belgium consulte depuis 2012 la population belge afin d'obtenir des éléments quantitatifs sur les actes antimusulmans. L'appel à signalement a été lancé sur les réseaux sociaux et dans le milieu associatif durant le mois de décembre et a permis de récolter pas moins de 713 signalements de faits antimusulmans. Une quinzaine de questions était proposée afin de signaler des actes relatifs à la localisation, au secteur concerné, à la démarche pour signaler les faits ainsi qu'au profil des répondants. Ce questionnaire était complété par la possibilité d'ajouter un commentaire décrivant les faits et celle d'exprimer leurs attentes vis-à-vis du monde politique en vue de la prochaine échéance électorale.