Derrière les belles façades des nombreuses prestigieuses institutions européennes situées en Belgique, se cache une réalité beaucoup moins lumineuse. Les actes de racisme se multiplient dans le pays, surtout à l'encontre des musulmans. Un rapport publié hier les dénonce. «Incontestablement, l'état du racisme est préoccupant en Belgique». C'est avec ces mots, peu rassurants, que commence le rapport alternatif d'Enar publié hier, mercredi 20 mars, intitulé «Le racisme et les pratiques discriminatoires qui y sont associées en Belgique». Dans au total 60 pages, le rapport épluche les formes de racisme, actes islamophobes, antisémites ou discrimination à l'emploi qui se sont passées dans le pays entre mars 2011 à 2012, des formes de racisme à l'encontre des communautés musulmanes - composées surtout de Marocains et de Turcs, mais aussi des communautés juives, noires, du voyage ou encore des migrants. Mais le rapport se focalise surtout sur les actes islamophobes. Neutralité…mais pas laïque Le premier secteur qui engendre le plus d'actes de discrimination, notamment vis-à-vis des musulmans est l'emploi. Des embauches leur sont refusées, certaines annonces d'emploi peuvent être écrites ou comporter des énoncés tendancieux, refroidissant ainsi le candidat à y postuler. Il y aussi l'harcèlement subi au travail avec des brimades ou des blagues de mauvais goût de la part de collègues, ou encore les différences de traitement, comme l'instauration d'un plafond de verre. Le rapport rappelle la difficulté pour les femmes portant le voile à trouver du travail, les entreprises se réfugiant derrière «la neutralité des services publics». «Sous couvert de neutralité, les autorités publiques en viennent en réalité, par des interdictions abstraites, à léser les minorités visibles, dont les minorités qui portent le foulard. Ce qui est d'autant plus critiquable que la Belgique est un Etat neutre, et pas du tout un Etat laïc», épingle le rapport. Propos racistes même de la part d'enseignants Le second secteur dans lequel les musulmans rencontrent le plus de cas de discriminations est l'éducation. Il touche surtout leurs enfants qui ont du mal à avoir des résultats scolaires satisfaisants, car la langue parlée à l'école n'est pas la même que celle parlée à la maison. Ainsi, au lieu de faire des efforts de compréhension, le rapport dénonce que certaines écoles vont orienter ces enfants vers des études professionnelles courtes au lieu de les encourager à faire des études supérieures à l'université. Le document souligne aussi que l'autre problème qui peut entraîner du racisme, est la relation entre les professeurs ou la direction de l'établissement scolaire avec leurs élèves d'origine immigrée. Par exemple, Enar rappelle un cas produit en 2011 dans lequel un enseignant avait eu des propos racistes à l'encontre de certains de ses élèves arabo-musulmans. Des propos qui l'avaient mené à suggéré de «les mettre en cage, les traiter de singe (…)». Il leur lançait également, lorsqu'ils faisaient du sport «ce n'est pas l'heure de la prière !». Le logement, non plus, n'est pas en reste. Dans ce secteur, le principal problème est que de nombreux bailleurs refusent de louer leur appartement à des musulmans mais aussi le reste des autres communautés stigmatisées, à cause de préjugés qu'ils ont sur les minorités. La police s'y met aussi Enfin, l'un des secteurs également dans lequel de nombreux cas de discrimination ont été recensés par l'Enar est dans le domaine de la justice et surtout chez la police belge. Une incroyable contradiction car ceux censés faire appliquer la loi, sont les premiers à ne pas la respecter. L'affaire du petit Moad, jeune belgo-marocain de 14 ans, qui s'est dit victime d'un passage à tabac par les policiers de Molenbeek, en ait la preuve. Les actes de discrimination sont divers : cela peut aller au refus d'acter une plainte pour racisme, aux propos méprisants, tutoiement déplacé, plaisanteries humiliantes, tendance à considérer l'étranger comme un suspect, ou encore à ne pas faire venir un traducteur assermenté pour l'audition de témoins ne parlant pas le français. L'une des mesures proposées par le rapport pour éviter que ces actes de discrimination ne se multiplient dans les commissariats, est de placer plus de caméras de surveillance. Encore faut-il que les policiers accusés pour racisme n'aient pas accès à la vidéo pour supprimer la partie qui les met en cause. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé dans l'affaire du jeune Moad. Alors qu'il affirmait s'être fait écraser le visage contre l'une des portes du commissariat par les agents de police, la partie dans la vidéo, d'une dizaine de minutes, correspondant à ce moment a subitement disparu….