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Maroc : Le passé exhumé pour exorciser les démons
Publié dans Yabiladi le 11 - 01 - 2006

Après le Rwanda et l'Afrique du sud, le Maroc décide à son tour d'affronter à découvert et sans complexe les démons de son passé. En vue de les exorciser. Une décision courageuse et qui constitue une expérience inédite dans le monde arabo-musulman.
En instaurant une commission indépendante chargée de faire la lumière sur les horreurs commises sous le règne de son père Hassan II (1961-1999), ce qu'on appelle ici « les années de plomb », le Roi Mohammed VI a encore une fois pris le monde à contre-pied ! Ladite commission Instance Equité et Réconciliation (IER) qui a disposé de 23 mois à compter du 7 janvier 2004, devait élucider le sort des disparus, prévoir les indemnisations pour les victimes, et faire des propositions de réformes sur les plans politiques, judiciaires, sécuritaires, etc... pour que l'histoire ne bégaie plus. L'IER qui a utilisé comme méthodes d'investigation les enquêtes de terrain (comportant entretiens avec les familles des personnes portées disparues, recueil de témoignages d'anciens disparus libérés, visites de constatation dans les anciens lieux de détention), les archives, les correspondances... vient de déposer son rapport sur la table du Roi.
L'hebdomadaire Tel Quel nous apprend que dans le rapport, les lieux de sépulture sont localisés, des charniers exhumés. Ainsi apprend-on que l'identité de 89 personnes décédées en cours de séquestration dont 31 à Tazmamart, 32 à Agdez, 16 à Kalat Mgouma, 8 à Tagounite, 1 à Gourrama et 1 près du barrage Mansour Ad-Dahbi a été déterminée ; sans compter les 325 personnes décédées lors des émeutes urbaines de 1965, 1981, 1984 et 1990 du fait de l'usage disproportionné de la force publique. L'IER a pu également déterminer que 173 personnes sont mortes en cours de détention arbitraire ou de disparition entre 1956 et 1999 aux lieux tristement célèbres tels Dar Bricha, Dar Al Baraka, Tafnidilte, Courbis, Derb Moulay Chérif,etc.
Au chapitre des indemnisations, on apprend que 9280 victimes bénéficieront d'une indemnisation dont 1895 victimes ont fait l'objet d'une recommandation supplémentaire portant sur d'autres modalités de réparation telles que la réintégration dans la fonction publique pour certains, ou la régularisation de la situation administrative ou professionnelle pour d'autres, etc...
Pour ce qui concerne les recommandations, les bonnes feuilles de l'Instance Equité et Réconciliation livrées par l'hebdomadaire cité plus haut, exige des excuses solennelles de l'Etat par la voix du Premier ministre, et la révision du contenu des programmes d'histoire entre autres. Même la Constitution n'a pas été épargnée. Ainsi, l'IER recommande la consolidation des garanties constitutionnelles des droits humains par l'inscription des principes de primauté du droit international des Droits de l'Homme sur le droit interne, de la présomption d'innocence et du droit à un procès équitable ainsi qu'une réelle indépendance du pouvoir judiciaire de l'Exécutif,etc. Elle recommande également que les traces de toutes les instructions et ordres de recours à l'intervention des forces de l'ordre, même orales, soient conservées écrites. Et pour que les recommandations du rapport ne restent pas lettre morte, des mécanismes de suivi ont été prévus tels que la création au sein du Conseil Consultatif des Droits de l'Homme (CCDH) d'un comité chargé du suivi des ces recommandations, et dont les activités feront l'objet de rapports réguliers présentés dans le cadre du bilan annuel du CCDH ; ainsi que la mise en place, par le gouvernement, d'une commission regroupant les ministères de l'Intérieur, de la Justice, de la Culture, de la Communication, de l'Education nationale et de la Formation professionnelle, pour superviser l'exécution des recommandations de l'IER.
Certains ont minimisé la portée de l'IER, en estimant que les noms des tortionnaires étant tenus secret, la réconciliation est un peu comme un « leurre ». C'est un peu pessimiste et réducteur dans la mesure où :
d'abord c'est une expérience inédite dans le monde arabo-musulman qu'il faut saluer ;
ensuite, si le Roi lui-même n'avait pas décidé d'affronter le passé en premier, qui aurait pensé à faire l'audit des années Hassan II ?
Enfin, en nommant Driss Benzékri à la tête de l'Instance Equité et Réconciliation, un homme qui a par ailleurs croupi pendant une vingtaine d'années dans les geôles, est un gage de crédibilité et de transparence. Maintenant, comme l'a dit le Roi lui-même dans une adresse à la nation du vendredi 6 janvier courant : « Nous devons nous doter des garanties nécessaires pour éviter que certains écarts du passé ne se reproduisent». C'est dans ce sens que tout le monde doit œuvrer pour le développement du royaume et pour que ces horreurs ne soient plus jamais qu'un mauvais souvenir.


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