Toud et Ouazzani, deux des premières victimes des années de plomb, seraient enterrés près de Ghafsaï. Le CCDH s'est déplacé dans la région. Des analyses sont en cours pour déterminer l'identité des deux dépouilles. Une délégation du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH) s'est rendue vendredi dernier à Ghafsaï où se trouveraient les tombes de Abdeslam Toud et Ibrahim Ouazzani, arrêtés en 1956 et mis au centre de détention Dar Bricha, près de Tétouan. Lundi, le CCDH a précisé que Abdeslam Toud et Ibrahim Ouazzani, tous deux des ouléma lauréats de l'Université Qaraouyine de Fès et membres du mouvement national, étaient restés à Dar Bricha jusqu'en 1957 avant d'être transférés vers une destination inconnue. Par la suite, a-t-on ajouté, il y a eu confirmation de leur transfert dans un centre de détention près de Ghafsaï, où ils auraient été enterrés, après leur décès, dans un cimetière proche. La même source rappelle que l'Instance Equité et Réconciliation (IER), agissant sur plainte, avait effectué, en compagnie des membres des familles concernées, des investigations, comme l'audition de nombreux témoins. Ce qui a confirmé que les tombes des deux hommes se trouveraient à Ghafsaï. Selon la même source, la délégation du CCDH, composée de M'barek Bouderqa, Latifa Jbabdi et Abdelhaq Moussadaq, s'est rendue sur les lieux où il a été procédé, sous supervision du parquet de la région et en présence des autorités locales, d'un médecin légiste, d'une équipe de la Protection civile et des membres des familles concernées, à une exhumation et au prélèvement d'un échantillon des squelettes pour analyse à l'acide nucléique en vue de déterminer l'identité des deux personnes ensevelies in situ. Ce travail a été accompli conformément au contenu du discours royal du 6 janvier dernier dans lequel SM le Roi Mohammed VI avait chargé le CCDH de la mission de parachever les dossiers au sujet desquels l'IER n'avait pas pu établir la vérité, rappelle la même source. Abdeslam Toud et Brahim Ouazzani font partie des premières victimes des graves violations des droits de l'Homme du Maroc de l'après-Indépendance. L'IER, lors de son mandat, avait recueilli plusieurs témoignages concernant Dar Bricha et les exactions qui y avaient été commises. Ces dernières, selon plusieurs sources, auraient été le fait de membres du Parti de l'Istiqlal, formation politique dominante à l'époque. Depuis la fin du mandat de l'IER, le CCDH, sous supervision de la justice, a procédé à l'identification de plusieurs tombes et notamment celles des victimes des émeutes de juin 1981 à Casablanca. La famille Rouissi, entre autres, attend toujours les résultats des analyses d'une dépouille qui pourrait être celle de Abdelhak Rouissi.