N'en déplaise aux associations de défense des migrants, la frontière barbelée entre le Maroc et l'Algérie pour lutter contre l'entrée de migrants a de fortes chances de voir le jour. Une possibilité qui attise l'enthousiasme du côté espagnol et particulièrement celui du délégué du gouvernement de Melilla, Abdelmalik El Barkani. Ce dernier estime que cette nouvelle méthode réduira la pression migratoire que subit l'enclave puisque la plupart des migrants entre via la zone algérienne de Maghnia. Ils seront certainement les barbelés de la controverse. Depuis quelques jours, la presse espagnole et marocaine fait état de l'établissement prochain de barbelés entre le Maroc et l'Algérie. Et ceux-ci pourraient soulager la pression migratoire que subit l'enclave espagnole de Melilla. Hier, face aux médias ibères, le délégué du gouvernement de la ville autonome, Abdelmalik El Barkani, a, en tout cas, exprimé son soulagement quant à ce projet censé lutter contre l'immigration clandestine. L'installation de ces barbelés réduira les assauts répétés au niveau de Melilla, explique-t-il, puisque la plupart des migrants qui attendent au niveau des zones frontalières avec les deux présides entrent au Maroc via la zone algérienne de Maghnia. Le délégué du gouvernement l'affirme : si une clôture de barbelés était installée au niveau de la frontière nord entre le Maroc et l'Algérie, ça soulagerait la pression migratoire sur l'enclave. «Plus le contrôle est fait par le Maroc sur l'Algérie, et même l'Algérie sur les pays du Sahel, et plus nous pouvons obtenir de meilleurs résultats dans le contrôle migratoire à Melilla parce qu'il y aurait moins de pression», a-t-il précisé. Selon El Barkani, tous les analystes s'accordent à dire que la pression migratoire existe sur Melilla parce que la route atlantique d'entrée en Europe n'est plus aussi active après avoir connue une vague d'arrivée de canots aux îles Canaries. De nouveaux barbelés de la discorde On comprend d'ailleurs l'enthousiasme du délégué de Melilla. Ces derniers mois, la pression migratoire a atteint un niveau rarement égalé au niveau des deux enclaves. Les assauts massifs se sont enchainés au point de pousser les autorités espagnoles à remettre au goût du jour d'anciennes méthodes pour réduire les tentatives d'entrées illégales. Elles ont procédé au rajout de lames tranchantes sur les grillages, dans les zones les plus menacées de la frontière de Melilla, afin de décourager les migrants. Cette mesure drastique a fait l'objet d'une vive polémique en Espagne comme lors de sa première expérimentation en 2007. A l'époque, les organisations de défense des droits de l'homme étaient même montées au créneau pour dénoncer cette «barbarie» qu'on fait subir aux migrants. Elles déploraient les blessures graves subies lors de l'escalade par certains migrants au niveau des bras et des jambes. Finalement, l'Espagne critiquée de toutes parts, avait fait marche arrière en retirant ces fils de fer et autres matériaux «anti escalade». Et aujourd'hui les critiques sont de nouveau sur le tapis. Le projet marocain a lui aussi été dénoncée par le Groupe antiraciste de défense des migrants (GADEM), estimant qu'il s'agit d'une fausse solution. Pour sa part, le leader de l'opposition à Melilla est contre cette nouvelle mesure. Selon Mustafa Aberchàn, «cette clôture hypothétique entre Maroc et l'Algérie» n'a pas lieu d'être. Au contraire, pour lui, c'est à l'Union européenne d'élaborer un plan de lutte contre l'immigration clandestine sur le court, moyen et long terme.